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Message par Aleph Murnau Mer 1 Oct - 0:23


 
please save my soul


 

“When is a monster not a monster ?

Oh, when you love it.”

 
Calvaire de la nuit dans laquelle on ose s’abandonner alors que la vague du sommeil engloutit les amoureux des rêves. Quelle perte de temps. Il n’a pas le loisir de se mettre en veille. Aleph boude Morphée, préférant le ronron amical des ordinateurs, l’odeur du travail. Presque un homme-machine ce type. Il se voue à une discipline intellectuelle exemplaire. Ravitailler l’esprit, ne pas le laisser partir, dériver. Il faut le nourrir, le gaver sinon…

Le quarantenaire avale chiffres, équations, fonctions, statistiques comme ces petites pilules bleues qui modifient son biorythme, son horloge interne. Combien de temps encore avant que les médicaments ne fassent plus aucun effet ? Le kaléidoscope mathématique lui donne quelque raison de ne pas perdre pied dans ce monde qui bascule. Il s’y accroche fermement. Mais ses recherches en sciences médicales n’aboutissent pas. Vanité des vanités…

C’est quoi la fin du tout ? C’est la capitulation, la mise à mort, le déclic du canon du flingue qu’on a dans la bouche...C’est le goût âcre qu’on traîne sur la langue comme les cendres d’une cigarette.

Le point culminant des bifurcations de son for intime relève d’un nom, un seul : Morgan. Le scientifique l’a déjà aperçue, autrefois, de dos, ou dans les médias. N’est-elle pas la coqueluche de sa majesté Obra Lux ? Aleph se gausse de ces mises en scène théâtrales, ces pacotilles mondaines. C’est comme observer la vie dans un tube à essai. Morgan est cette fleur mortelle, redoutable, la rose sous verre. Son privilège est de l’observer, d’en extraire la quintessence de Gaia afin de créer des armes nocives. Einstein a inventé la bombe atomique, que fera Aleph Murnau ? …La perspective d’une apocalypse gaiënne laisse un sourire fade sur ses impassibles lèvres de glaise. Il fait froid dans le dos notre homme au regard de plomb. Fatalisme sur commande dans les prunelles d’un vert pâle dénaturé.

Les heures sont atrocement longues. L’excitation aiguise les sens, l’impatience grise les mains secouées de spasmes. L’air change de couleur. De nuit bleutée à aurore brune. La mécanique se met en branle. Rituel du matin. 5 :00. Son emploi du temps est intact. Si ce n’est la pensée d’une rencontre inhabituelle, il accomplit les mêmes gestes répétés un milliard de fois. Jouet entre les mains des grands, on l’a choisi pour ses talents psychiques, l’obéissance de son être. Il est loyal, plus rien à prouver et pourtant…L’homme gris cache une part plus étroitement liée à son mal. Une telle démonstration pour l’étude biologique recèle en réalité des secrets bien gardés. Il ne détruira pas Mère Nature, il se servira d’elle au contraire. La guérison est son Graal. La malédiction de Gaia, toute sa vie, toute sa mort annoncée, programmée à la minute près.

Or tout sortilège peut être révoqué, n’est-ce pas ?


***


Le blanc, l’infini, partout. Des taches aux murs. L’enfer Lux. Règne de l’immaculé. Le reflet longiligne de sa personne transparaît dans les verres vernis des horreurs tentaculaires de la cité. L’aurore est un point frémissant, murmurant sa plainte au-delà de la nuitée. Fiat lux et lux fuit. La lumière est. Rapide ascension  tandis qu’on le mène dans les étages supérieurs de la tour, auréole de puissance, fière de son omnipotence. Aleph ne supporte pas cette surexposition qui lui brûle la rétine. Il voit du rouge sous ses paupières fermées, cette semi-obscurité lui convient mieux plutôt que la ville qui saigne ses lumières.

Le savant  a émis le désir d’avoir un sujet à jeun, sinon l’expérience sera faussée. Obra Lux l’exhorte à éprouver la captive dorée. « Ne vous montrez pas trop doux avec elle. » Murnau peut encore entendre la voix sèche et autoritaire. Un jeu d’enfants pour lui ; démonter les esprits, reconstruire des mémoires. C’est ce qu’on attend de ses « travaux ». Mais il n’est pas seulement là pour torturer Son éminence. Il n’est pas de ces créatures cruelles et sadiques qui manipulent autrui pour le simple plaisir. Visionnaire, il ne s’arrête pas à ces recours sacrificiels, ces circonvolutions nées de la folie des Lux. Il creuse des questions métaphysiques ardues. Produire du mal, soit, mais autant que cela puisse devenir le prétexte d’une noble cause…

Une serre est mise à sa disposition. Évidemment, tout est surprotégé. Mais la nature est belle. Des plantes grimpantes, la chaleur suffocante. Un véritable palace verdoyant. Quand la jeune femme pénètre dans l’ordonnance végétale, il n’entend d’abord que sa respiration retenue par la magnificence qui lui explose au visage. Elle est un objet de douceur. L’environnement lui sied comme une parure faite sur mesure. Aleph se plaît à la contempler un instant dans cet Eden recréé pour l’occasion. Brève rêverie qu’il fracture aussitôt par des mots nus sans ambages :

« Aleph Murnau, représentant du pôle scientifique Lux. Nous aurons des contacts strictement professionnels. »

Se présenter en bonne et due forme, à quoi bon ? Elle me déteste déjà. Elle me considère comme une énième blouse blanche, une sale engeance à exterminer.

Ô toi, Christ neuf, messagère des cieux, prophétesse. Donne-moi ta parole, tes péchés, tes saintetés. Mais délivre-moi du Mal. Que ta volonté soit faite. Amen.


« J’aurais besoin d’un prélèvement sanguin. »


Comme une voix oxydée, avachie, terrifiante de rationalisme poussé à son paroxysme. Et son bras se tend sans animosité, dans l’affirmation d’une invitation à faire confiance au démon.


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Message par Morgan Jeu 2 Oct - 16:29

Quand il n’y a plus d’espoir, quand les heures se mélangent et que la nuit devient jour. Quand les secondes trépassent à l’anarchie des ans, et que l’enfant se lasse, sur les rebords du monde, les yeux plein de sentiments. C’est ça, peut-être, la fin du monde, la fin d’un monde. Ses pensées qui pétillent, inachevées. Ses rêves qui se déguisent, désabusés. Ses lèvres qui n’osent plus parler, qui n’ont que le pouvoir des sons sans substance. C’est peut-être ça, la fin de son monde. C’est l’Aurore. Ses couleurs chatoyantes, la joie du ciel, les odeurs qui bruissent, les insectes qui étincellent. C’est l’Aurore qui éveille un nouveau jour, qui brule le firmament et insuffle l’espoir.  Ses yeux sont grand ouverts, dans sa chemise de nuit blanche, la femme tatouée se tient sur le rebord de sa baie vitrée.  C’est l’Aurore, le jour se lève, la nuit s’éteint. C’est l’Aurore, et les cœurs espèrent, et même le sien, du même rythme que les émanations du ciel et de ceux qui courent dans les rues à la recherche d’un travail, respire un nouveau jour. C’est peut-être ça, la fin du monde, cette aurore continuelle, cette ville qui reste comme immobile quand bien même ses gens se battent. C’est ce temps, en suspension. Son temps, qui s’allonge, en détention. C’est l’orage qui crépite dans son cœur, alors que ses paupières sont paisibles et son souffle profond. C’est cette aurore qui la défie en silence, c’est le cœur de Gaia qui palpite sous terre, et qu’elle ne sent plus que tout a peine.  C’est cet espoir qui se lève chaque jour avec le soleil et se meurt au crépuscule. Morgan ne peut s’empêcher de fondre devant les beautés de l’éveil, devant cette fleur qui s’ouvre, de rayons de lumières, de pétales d’aurore. Fondre et espérer, elle se blesse a l’attente, elle se confie à l’espoir. Un jour. Ce sera la fin de ce monde. Ce sera le début du sien.

Les couleurs éblouissent ses yeux. Un orange violent, presque douloureux. La rougeur chaleureuse des nuages autour. Le jaune, presque blanc, qui éveille le monde. Sur sa peau blanche, les lumières scintillent, s’accrochent sur le rebord de ses tatouages mouvants.  Le monde s’éveille sur sa peau. Ce petit animal qui s’étire, cette souris qui court le long de ses clavicules, l’oiseau qui chante sur sa tempe, si près de son œil, avant de s’envoler.  Gaia glisse sur sa peau sans pénétrer sa chair. Exclue de son contact, la jeune femme ne ressent plus les tressaillements du ciel. Sourde et aveugle, il lui semble être sans saveur. Comme un fruit trop mure qui attends sur sa branche et qui pourri lentement, sans accueillir nulle vie en son cœur. Comme un lierre qui s’écorche sur une surface lisse, comme une fleur sans couleur, qui aimerait qu’un insecte épouse ses formes. Comme une image, sœur de celle d’Aurore, sur un des grands panneaux publicitaires. Comme un trophée, qui attends que passent les heures et que ne se meurt sa beauté, qu’on la libère des regards et qu’on l’abstrait de la gravité.  Comme. Elle est la métaphore de sa propre existence.

Il n’y a rien à manger, les placards sont vides. Il n’y a plus de café pour la consoler. L’appartement respire le silence, mais l’orage couve, elle en sent déjà les incandescences. Morgan sait ce que cela veut dire. Ce vide dans ses placards. Elle attend la bourrasque d’une venue tempête. Elle attend que ne se heurte la science à sa peau lisse et tendre, aux dessins plein de malices, plein de mystères, qui chantent un temps vain.  Morgan sait. Au plus profond d’elle. Elle a toujours su. Les mystères qui irriguent son âme.  La science, si froide, si cruelle, si indifférente, ne peut pas comprendre. Morgan pose sa main moite sur la vitre fraiche. La rosée a déposé une fine couche d’eau sur le verre, derrière, elle la sent presque dans sa main, cette eau chantante qui lui souffle qu’un jour viendra où la pureté reprendra ses droits. Mais pas maintenant, alors que l’aurore  et ses couleurs tonitruantes lui rappellent la longueur des jours. Pas maintenant, pas Avant. C’est déjà trop tard. Contre la vitre la main se referme. Ses paupières si lourdes s’épuisent. Son front cherche la fraicheur de la vitre. Elle entend déjà les sons, derrière, ils sont venus pour elle. Son échine trésaille, un tremblement glisse le long de ses vertèbres de femme. Ils ne devraient plus lui faire peur, maintenant. Ses lèvres se crispent, une sueur glisse le long de front glacé. Ils parlent.

-Vous êtes attendue, Morgan.

Son front se décolle lentement de la vitre, elle écarte ses cheveux noirs, en broussaille, de son visage.  Dans sa robe de nuit blanche,  elle se retourne avec grâce et se dirige vers sa chambre. Altesse dans sa cage, prisonnière des regards comme de l’absence. Elle a la dignité de celles qui n’ont plus rien que leur nuque, pour montrer leur puissance.

-Malheureusement, un dysfonctionnement de notre système d’information a eu lieu. Nous avons été avertis au dernier moment, j’ai peur que vous ne deviez nous accompagner dès maintenant sous peine de faire tarder votre visiteur. Ne vous inquiétez pas, ce n’est que quelques étages plus bas, nous ne sortirons pas du bâtiment.

Ses lèvres se crispent, une seconde. C’est bien ce qu’elle pensait, Obra l’offre encore en pâture à l’esprit d’un des glacés de la ville. Les images du dernier la font encore frémir, quand vient la nuit mais que tarde le sommeil. Son pas s’arrête, son corps se détourne de l’éden d’une paix passagère, puis, sans un regard, elle s’approche de sa propre porte. Elle connait le chemin. Les pieds nus, le cœur battant, brulant entre les cotes de sa cage thoracique. Elle se sent bouillir de l’intérieur alors qu’une angoisse profonde la glace. Qu’adviendra-t-il de l’espoir quand elle perdra tout souffle, toute volonté ? Qu’advient-il de lui alors qu’elle obéit sans sourciller ? Dans l’ascenseur, immobile comme son ombre, elle tente de rester insensible aux regards froids des gardes. Ses lèvres définitivement closes ne laissent échapper aucun son, elle aimerait gémir, crier ou bien se laisser aller à quelques autres faiblesses des hommes. Elle reste de marbre.

-Nous vous laissons ici. Entrez, je vous prie.

Une serre. Ici.  Là où elle ne l’attendait plus. Une serre. Un instant son cœur bondi dans sa poitrine. Des plantes, de la verdure, enfin. Elle entre. Ses mains se lèvent, elle aimerait tout toucher, elle aimerait s’évaporer dans cette nature chaleureuse. Ses doigts se perdent dans des caresses, les plantes répondent tout à peine à son amour, à ses appels, comment pourraient-elles avec le collier qui entrave ses sens ?  Morgan aimerait, elle aimerait tant. Ses tatouages s’éveillent, sous sa peau ils se meuvent et  irradient d’une joie profonde. Morgan ferme les yeux. Malgré l’atmosphère étouffante qui fait transpirer sa peau habituée à l’aride des chambres climatisées, elle se sent tellement bien. Des gouttes de sueur perlent déjà dans son dos, sous ses cheveux, elle sent leur chemin se faire sur sa peau, contre cette robe blanche qui épouse sa peau humide. Elle se sent tellement bien. SI seulement elle pouvait rester ici, pour l’éternité, plutôt que devant sa baie vitrée. Ça. Juste ça. Elle l’accepterait. Même en cage, même sans pouvoir. Juste ici. Elle pourrait supplier pour l’avoir.

Si seulement. Il n’était pas là. Lui. Cette voix froide qui l’éveille torpeur, qui refroidie ses sens et l’appelle à la méfiance. Ses yeux ouvrent, plein de charbons. Naturellement les animaux qui flottaient sur sa peau se transforment en fleurs empoisonnées, en épines piquantes, en créatures aussi sombres que le destin qui lui réserve.  Bien sûr, ils n’auront que des rapports uniquement professionnels. Obra la maintient dans le confinement le plus total. Bien sûr, la serre n’était pas là pour son plaisir. Obra ne fait pas de cadeaux qui ne soient pleins de poisons. Bien sûr, il est scientifique. Seuls les scientifiques ont un accès prives a sa personne et son regard perçant suinte  l’intelligence. Lentement Morgan se tourne vers lui, prenant le temps de saisir dans son ensemble le terrible portrait de son futur ennemi. Son facies famélique lui semble tout droit sorti d’un mauvais cauchemar. Les traits de son visage ont les lignes tragiques des méchants dans les livres d’histoire. Dans cette nature en santé, verdoyante à l’excès, il semble une ombre perdue, presque trébuchante, un monstre blanc de la cité blanche, dans sa maladive enveloppe rance.  Un mauvais diable au regard aussi tranchant que la lame d’un scalpel. Il lui fait peur. L’homme. Dans sa politesse forcée.

Le regard sauvage, mais le corps usé à la docilité.  Morgan franchit la distance qui le mène à lui et lui offre son bras blanc, que des épines parsèment. Rivière noire mouvante qui menace l’âme blanche.

-Prenez.

Sans tremblement, elle s’offre à la vulnérabilité d’une intimité. Pour ne pas la voir la toucher, la bruler de son regard froid, calculateur, Morgan détourne les yeux, puis les ferme quand l’aiguille s’enfonce sous sa peau. Elle se laisse à lui, la nuque haute, sans pouvoir le regarder dans les yeux. Elle se laisse, infirme de sa vie, dans cette proximité qui fait battre son cœur et glisser la sueur le long de ses tempes. Il n’est personne, il n’est personne, lui ou un autre, à quoi bon. Elle se répète alors qu’elle se vide de son énergie. Fleur dont on vole la sève, le peu de couleur de son visage, celle de ses lèvres faiblissent alors que sa peau semble plus pale encore. Elle murmure.

-C’est assez.

Son inflexion de voix, soudain pleine de faiblesses, fait trembler une plante grimpante. Le corps battant de sa prêtresse, insensible à son appel, bat à tout rompre alors qu’une aura craintive s’élève autour d’elle. La plante sensible, qu’un embryon de pouvoir catalyse, glisse et tombe, blessant au visage Aleph au passage. Et alors que le monde se bouscule autour d’elle, Morgan s’éloigne, arrachant l’anguille de sa peau, blessant son bras fin aux mille petits points, meurtrissures d’anciens larcins.

-Vous en avez assez. De toute manière, il n’y a rien dans mon sang qui ne puisse vous aider.

Qu’il la laisse. Que cesse la machinerie blanche. Pour ne plus supporter la douleur de son regard, elle se détourne et vient caresser les feuilles du bout de ses doigts fins. Il va partir, il faut qu’il parte, même la beauté des fleurs n’arrivent à la faire sourire quand il est là.

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Message par Aleph Murnau Dim 19 Oct - 16:26


please save my soul

Oblivion (feat. Susanne Sundfør) by M83 on Grooveshark

“Soyons seuls un moment
Dans un monde d’aveugles.

Milliards de paupières
Autour de nous fermées.”

— Jules Supervielle

C'est son environnement à elle où lui n'a pas sa place. Comment pourrait-il d'ailleurs...Car tout dit : scientifique de marbre blanc, partisan des Lux. C'est une ligne blanche entre eux. Incongrue géométrie qu'il n'intègre nullement. Jamais leurs mondes ne pourront se croiser, seule la dichotomie les caractérise. Pourtant, Murnau aimerait avoir un sentiment d'appartenance à une quelconque faction, mais il ne semble pas capable de déterminer s'il est bien homme de l'Aurore ou un traître à sa patrie, un dissident fasciné par Gaia...Pourquoi cet entre-deux pernicieux ?

Les pupilles de la jeune déesse se dilatent d'une joie sans nom. Le plaisir court allègrement sur sa peau, aveu du bonheur d'être parmi les siens. Un laisser-aller, deux minutes d'apparente sérénité. Sa vigilance retombe. N'est-elle pas une merveille ? Scientifiquement, Aleph décortique chacun des mouvements, chacune des réactions comme s'il étudiait un animal en bocal. Courbes et graphiques, calculs prétentieux. L'esprit s'agite, émulation collective. Elle est Reine toutefois. Son royaume à ses pieds ; les tiges s'affaissent, les plantes lui sourient. La nature n'attendait que sa venue, elle s'éveille à son contact malgré l'entrave. L'appel sauvage est plus puissant qu'un simple inhibiteur. Bien entendu, notre homme brise ce moment d'éternité par sa voix monocorde, disque rayé qui tourne en boucle. L'accent de la cité blanche, dénué de tout sentiment, mécanique, est très prononcé chez lui.

La Belle vient, docile, le poids de la résignation sur ses épaules. L'hypocrisie crispe ses traits. La haine traverse l'ombre de ses prunelles. Corps en tension. Ne supportant pas les contacts physiques, l'Inhumain tâte la peau, le pouls. Sensation décalée puisqu'il porte ses gaines blanches. Ses gants de latex, il ne les quitte presque jamais, comme s'il fût sur le point de pratiquer une opération chirurgicale. Mais n'est-ce pas ce qui l'obsède présentement ? Opérer l'âme, la disséquer, prélever des organes, le fluide vital. L'aiguille du rouet s'enfonce sans hésitation, c'est un énième attentat à sa majesté. Vas-tu t'enfermer dans un faux sommeil, une demi-mort, ô Belle au Bois dormant ? L'abandon de son bras l'affranchit de son ordinaire placidité. Aleph tombe dans le piège fatal, piège dont elle n'a pas conscience, piège de la beauté, de l'ensorcèlement. Il pourrait tout lui offrir, même la liberté, simplement pour lire l'abandon dans son corps. Un martèlement dans le ventre l'empêche d'anticiper la suite. Il se souvient à peine de la douleur cinglante telle une gifle. - C’est assez. L'ordre claque, poing au plexus solaire, respiration erratique.

« La serre...C'est mon idée. Je pensais que cela serait un divertissement intéressant. Je ne me trompais guère. »


Sourire sardonique. Il porte la situation en dérision. Pour ça, il pourrait la punir violemment, mais il s'abstient. La retenue est l'un de ses points forts. Il essuie le sang, l'épie toujours. L'apprivoiser, l'amadouer d'un flot de paroles apprises par cœur avant de venir. Ton affable, moins robotique. Il dévoile un nouveau masque. Celui-ci se fissure graduellement. Il n'est peut-être pas ce qu'il prétend être.

« Votre sang est un antidote pour un homme malade. »

Ne  devine-t-elle pas son mal, la déraison de ses cellules, la dégénérescence de sa matière grise ? La folie le guette, ainsi que la promesse d'une agonie interminable, qui sur l'échelle de douleur vaut au moins un neuf sur dix. Les tremblements se répètent. Il s'approche en silence. Le grand méchant loup retire la protection de ses mains squelettiques. Délicatesse cette fois. Il veut sentir quelque chose se produire ici. Il veut extraire la vie de cette peau arrogante. Il touche seulement des yeux les tatouages. Le mutant pourrait parfaitement modifier sa mémoire, enjoliver l'image de ce moment, il pourrait amender la vision négative, devenir un héros, un ami à qui se confier. Or il le fera dans les règles de l'art, à la régulière. Réussite ou échec. Mince alternative. Curieux hasard qu'il entreprend de miser. Sa main attire élégamment le poignet jusqu'à son visage tordu. Les lèvres salissent la vierge Morgan, retirant le sang blasphématoire. Il nettoie la petite plaie vicieuse. Quelques secondes à peine, comme la mer qui se retire, ne laissant qu'une mousse écumeuse sur le sable.

« Ce n'est plus qu'un souvenir. Mais les cicatrices nous rappellent que certaines choses ne sont pas que des rêves. »


Connaît-elle la valeur de son sang ? Une goutte seulement et l'euphorie le terrasse. Il récupère dans une fiole l'hémoglobine sacrée. Ses mains effleurent ensuite le contour des dessins sur son bras meurtri. Contact qui le fait frémir. La vérité le dérange, il ne comprend pas. Ses fondements s'écroulent. Vulgaire building de cartes.

« Je ne vous ferai aucun mal. En échange, m'apprendrez-vous quelques-uns de vos secrets, Morgan ? »


Un pacte, un engagement fait dans le sang. Rouge sur le visage blafard. Rouge sur le bras de l'enfant. Un désir immodéré l'exempte de tout propos rationnel.
Les yeux hurlent une passion fauve.


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Message par Morgan Mar 11 Nov - 13:19

Il la touche, encore une fois. Il s’approche si près, prédateur. Elle sent ses griffes qui déchirent ses cuisses, son souffle sur sa peau, sa moiteur dans son dos. Elle se sent, dans son immobilité végétale, offerte comme une chienne a son maitre. Sensation révoltante qui lui donne la nausée. Sensation fascinante qui réveille ses plus bas instincts. Prise au piège de son regard, il la viole de ses yeux doux, blessés, tristes. De ses yeux qui lui parlent davantage que ses lèvres et qui lui inspirent mille histoires mortes, une enfance soufflée, des rêves brisés, la vigueur étrange que mettent les hommes, dans la destruction de son monde. Il l’affame de ses lèvres qui ne murmurent qu’à demi-mot. Il joue, il joue avec elle, avec son cœur frissonnant, avec sa sauvagerie qui ne demande qu’à ressurgir. Il joue, il joue avec elle, et Morgan ne sait lire dans le fond de son âme s’Aleph ment ou s’il se découvre petit à petit devant elle.

Il la touche. Ses doigts brulent sa peau pale. Il la touche. Sans ses gants blasphémateurs, sans la froideur des scientifiques, sans la rudesse de l’indifférence. Il la touche, étranger, et elle tremble, un peu, sans oser ôter son bras de ses doigts, sans se défaire de sa proximité, sans le fuir, une nouvelle fois, d’un regard qui s’égare. Proie conquise qui attend sa mise à mort. Aleph est si lent, si doux, que l’enfant sauvage reste statufié. Son souffle se coupe, elle se meurt d’être soudain si docile. De se laisser faire. De le laisser faire. D’achever sa dignité dans ce baiser sanglant qui la laisse presque soumise. Alors qu’elle sent ses lèvres sur sa peau fine, ses paupières chutent, ses cils s’embrassent. Morgan se sent volée, d’une chose profonde, d’une chose précieuse, à laquelle elle ne peut donner de nom. Morgan se sent violée, comme la plus basse des putains, comme la plus sale des femmes soumises, comme s’il pouvait l’aimer comme les siens, la prier du même battement de cœur. Morgan se sent aimée, un instant, un instant seulement. Si long, si lent, qu’il fait tambouriner si fort son cœur mis en cage. Puis enfin, les lèvres se retirent, marée descendante, qui la laisse déjà en manque. Abandonnée sur le port, le cœur à la dérive, la haine battant si fort, elle ne sait que dire.

D’instinct Morgan se recule d’un pas, tenant soudain son bras comme s’il l’avait brulée. D’instinct, elle lui crache son venin de son regard noir, brulant, plein de colères et de haines. Elle se débat contre un mal qu’elle ne connait pas, qu’elle ne comprend pas. Morgan se débat, sans bouger davantage que ce pas. Elle est prise au piège. Il la prise au piège. De sa douceur. De sa douleur. De son cœur d’homme qui assujettit celui, plus lent, des femmes. De son regard triste, qui ferait pleurer les arbres et s’ouvrir les fleurs. De sa voix grave, pleine de tourments, pleine de délicatesse, qui envouterait la biche sauvage. Morgan est prise au piège, dans sa prison dorée, dans sa froideur mortuaire. Et si elle n’était que femme, sans doute perdrait-elle sa voix et son humeur, sans doute lui donnerait elle son cœur. Mais elle n’est pas femme, pas seulement. Morgan est monstre aussi. Elle a le même souffle que les chattes chasseresses, que les aigles frondeurs, que les créatures de crocs et de griffes. Et un appétit de tueuse à faire trembler les âmes oiseaux.

Il parle. Encore. Son souffle chante une trêve. C’est donc cela qu’il veut. Prendre. Prendre encore. A Elle. Il parle, mais elle ne répond pas de son langage. Il ne mérite plus qu’elle fasse semblant d’être une dame. Il ne mérite pas les gestes appris d’Obra. Il veut ceux, enfouis, du fin fond de son corps, à la surface de sa nature. La sauvagerie du prédateur. Les yeux magnétiques caressent son visage blanc, aux nuances livides, puis s’arrêtent sur ses lèvres rouges. Ecarlates. Qui salissent son visage. Ses lèvres pleines de vie. De sa vie. De son essence. Le larcin qu’il affiche comme un trophée. Comme si elle pouvait être le sien, sa victoire sur le monde. Sur les lèvres féminines, un triste sourire se glisse, morsure à venir, insolence endormie. Puis les pupilles animales se laissent dévorée dans la passion brulante qui anime les masculines. Morgan connait ce regard. Sauvage. Il éveille son instinct. Avec lenteur, elle rompt la distance qui les sépare. Ses lèvres féminines, ses lèvres d’enfant murmurent. Morgan a presque le regard bas alors qu’elle parle, comme assujettie, comme obtenue. Faussement Acquise.

-Vous voulez que je vous dise ?

Ses paupières battent, ailes papillonneuses, douces et tendres, porteuse du sceau de sa féminité vaincue. Puis ses yeux s’ouvrent, si grands, si charbonneux. Plein de fureurs et de vies, plein de violences et de sagesse. De flammes, douces et chaudes, qui lèchent et qui brulent. Qui épousent les yeux de braise de l’homme contenu. De violence. Sa violence. Son silence. Et même sa tristesse à fleur de peau. La fascinante s’hypnotise dans ses prunelles déchirées, si pleine d’espoir, si pleine de vie, qu’elle veut briser une nouvelle fois. Morgan veut qu’il l’aime, comme il devrait l’aimer et pas comme cette prisonnière qu’il voit. Elle veut qu’il la haïsse, comme il le devrait, pour que jamais plus il ne vienne rompre sa paix. Alors elle aussi elle se fait prédatrice et se glisse à son oreille, sans le toucher. Juste, comme si, il y avait un vrai secret entre ses lèvres, prêt à se mourir dans son ouïe. Comme si elle l’aimait.

Mais ses lèvres portent la mort.

-Vous allez mourir. Ce sera lent, ce sera douloureux, ce sera humiliant.
Vous allez mourir, Aleph, à vrai dire vous êtes déjà mort.

Les doigts se sont glissés le long de son corps, sans le toucher, avant de se poser, papillons légers sur sa nuque usée. Morgan le tient, du bout de ses doigts fins, comme s’il était son monde. S’écartant un peu, elle lui laisse entrevoir son regard amoureux.

-Mais vous le savez, n’est-ce pas ? Votre visage dans les miroirs. Vos gestes, votre énergie. Vous savez que c’est la fin.
Gaia vous a maudite et il n’y a plus personne qui puisse plaider votre cause.


La main se lève, les doigts glissent sur la peau de l’homme, le long de son visage, sans vraiment la toucher, sans vraiment la sentir. Puis ils viennent à ses lèvres, ses lèvres voleuses, qui portent son sceau, sa marque, qu’elle caresse et vole avec la délicatesse des anges.

-Plus personne. Exceptée moi.

Les doigts glissent le long de sa nuque, elle s’échappe de son emprise. Son doigt souillé glisse entre ses lèvres carmines. Morgan lèche son sang, goutte sa proie, alors qu’elle rêve, un court instant, qu’il ne la laisse partir.

-Mais la science de vos confrères a mis en veille la magie qui sommeille en moi.
Alors rien, pas même mon sang, ne peut vous sauver.

Le doigt qui a touché leurs lèvres se glisse entre la torque d’argent et la peau blanche de l’enfant de Gaia. Et, alors qu’elle étire sa toile, elle ne peut réprimer un regard interrogateur. Enfin, elle murmure.

-Tel est mon prix.
Tel est le prix de votre guérison.


Elle n’aura d’autre prix que sa liberté.

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Message par Aleph Murnau Lun 16 Fév - 0:09


hurt me now

The Curse by Agnes Obel on Grooveshark

“Il ne décide pas de se tuer car la foi qui lui reste lui

dit qu’il doit boire jusqu’à la lie ce calice de douleur,

que cette douleur cruelle ancrée dans son cœur sera

seule la cause de sa mort.”

— Hermann Hesse, Le Loup des steppes



Son baiser apposé sur la peau rebelle, de satin blanc, tel un énième tatouage délictueux et interdit, l'émeut plus que de raison. Aleph succombe au plaisir de profaner une divinité. Une sensation de perdition surgit et brise les chaînes de la décence telle une marée noire. Elle est marquée à vie. Il a réussi son méfait. S'abreuvant de sa colère, il absorbe tout. Extase inconnue jusqu'alors. Il aime cette haine viscérale, ces emportements de la Mère nature. Il pourrait la conquérir, l'enferrer, la séquestrer. Rien que pour lui. Monstre à l'allure de femme. Désir chaste et sadique. Elle serait dans une vitrine de verre, impeccablement exposée à ses lubies. Elle serait la pièce maîtresse de son cabinet de curiosités. Il peut sentir son organe vital battre exagérément, dans sa main de fer il l’emprisonne, il explose les artères. BOUM BOUM. BOUM BOUM. Petite ardeur étranglée. Il est l’homme, elle est l’animal, la proie harnachée. Autour du cou son collier, l’esclavage lui sied.

Travaille-t-il encore pour les Lux et la science présentement ? Égoïste personnage, marionnettiste dément, le scientifique éprouve un rare sentiment de puissance. Je veux te posséder. Morgan est une pièce de collection. Elle est l’ultime accomplissement. Que ne ferait-il pas pour la garder jalousement de quiconque ? Nous ferons de grandes choses toi et moi, voilà ce qu’il voudrait dire. Voilà ce qu’il ne dit pas. Il a des résidus de conscience. Il ne doit pas s’abandonner à ses délires mégalomanes.

La Belle sait pertinemment qu'elle pourrait avoir tout pouvoir sur lui. Elle représente son souverain mal. Elle pourrait séduire l'homme, le bourreau et même le scientifique. Tout obtenir de lui en un claquement de doigts. Et il ne demande probablement que cela. Se laisser tenter. Céder et jouir de cette clause illégale. Elle sait plaire la fleur du vice. Elle sait se faire belle. Des formules douces-amères jaillissent de ses lèvres qui se pâment, frôlent l'érotisme. Il demeure coi. Il se cloître dans les tréfonds de son âme, cherchant un refuge loin de ces jeux fous. A bas les masques. Carnaval enchanté. Aleph déchire les voiles qui entravent sa vérité. Maladif et terrifié en réalité. Désespérément, il la supplie de lui offrir ses grâces et celles de Gaia. Il va abdiquer, genou à terre. Es-tu l’ange annonciateur, le prophète qui me dira comment on meurt ?

« Me sauveras-tu ? » Deal qui tourne mal. La démone lui arrache des mots doux, ses doigts se faufilent. Un murmure éperdu d’amour, de mépris, d’innocence et de mal-être. Me prédis-tu ma fin, la fin que je sais déjà plus que nul autre ? Pas un mortel ne sait mieux son compte à rebours avant la chute. La main dans son cou est une délicate brûlure. Mensonge dans les yeux qui violent sa raison. Il rit de ce sang qu’elle goutte. Il rit de ses fantasmes d’adolescent. Il n’est que fer, tout son corps est tendu. Alors qu’elle veut qu’il la délivre, il croque son cou comme pour enlever l’entrave de l’ivoire de ses dents. Il ne le fera pas, il ne le fera probablement plus. Il croque les lèvres, car l’attente est trop longue. Il se rassasie de ce spectacle, brutalise la bouche insolente pour la faire taire et cesser toute corruption. Il écorche diablement cette peau rougie, cette peau délétère. Il goûte le fruit défendu, se repait de son jus amer. Un baiser, une chaste récompense. Le reste n’est que douleur.

« Inepties. Votre liberté serait un pire châtiment que la mort. »

Sa pensée va à contre-courant. Jamais il ne la laisserait lui échapper même si elle représente sa dernière chance. Il ne serait pas seulement tué pour un tel acte de trahison. Il imagine le pire, prend peur soudain. Puisqu’il est condamné de toute évidence…autant profiter de ces derniers instants de vie pour briser les ailes de la Divine.

« Vous me manipulez tendrement, Morgan. Rien ne me prouve votre loyauté. Même si je vous libérais, dans la minute, vous seriez la proie des Lux. Ils nous surveillent. Ils sont partout. Me croyez-vous donc si bête pour agir contre mes propres intérêts ? »


Il émet un rire rauque. Les tremblements sont ravivés brusquement. Il tousse dangereusement. Sa poitrine est secouée de spasmes. S’écartant de la demoiselle, il tombe, les mains dans la terre. Quelques gouttes de sang tachent ses mains trop blanches. « Que pourriez-vous ? » Perdu, perdu, il ne survivra pas longtemps. Les mois s’écoulent comme les grains de sable d’un sablier géant. « Vous êtes inutile Morgan. » De rage, il balance la fiole contenant le sang, celui-ci se déverse aux pieds de sa déesse. Un délire, une crise de paranoïa, un instant de déclin. Le regard fou, il n’est plus lucide. Jekyll est devenu Hyde. Il se relève en titubant et agrippe le cou de la femelle, écrase l’oxygène. « Je te tue avant que tu ne me tues. » Calmement, il desserre l’étreinte farouche. Plus rien à perdre. Il s’affale devant la Cruelle, comme s’il communiait, comme s’il lui vouait un culte. « Tu n’as donc aucune pitié. Prends ma vie, prends, il en reste si peu… » Le corps est un cadavre ambulant. La faiblesse parcourt chaque veine. Il lui met dans la main un morceau de verre. Prends ma vie. Ma vie pour la tienne. Il se sent monstre. Il est Phèdre offrant l’épée à son Hippolyte, l’exhortant à le tuer sur-le-champ.



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Message par Morgan Jeu 23 Avr - 17:06


« Me sauveras-tu ? »



Un instant, l’enfant roi, encagé, entravé, croit vaincre. Un instant, lent et long, alors que les lettres roulent dans la bouche rêveuse de l’homme blanc. Juste un instant, court et précieux, alors que la confiance du scientifique vacille et dévoile son désir, si fort, si puissant, de revenir à la vie. En cet instant, Morgan triomphe. Ce précieux mélange de secondes et d’imaginaires, de rêves et de syllabes, si rare, si insaisissable où enfin la jeune fille sauvage peut fantasmer une réalité inaccessible. Même si, au secret de ses lèvres, dans l’écrin de velours venimeux de sa bouche, la victoire a un goût acre, amer. Pourrait-elle s’aimer encore quand elle se perd chaque jour davantage ? Doit-elle devenir celle qu’elle pressent dans son âme, cet être violent, furieux, qui chasse plus qu’il ne regarde, le cœur affamé et l’âme dans les affres de la frustration. Morgan se blasphème d’être si tendre avec l’homme. Morgan descend de son innocente indifférente, pour qu’il puisse, la toucher, pour qu’elle sente, ce qu’il est. Et sa laideur, sa monstrueuse laideur, la laisse sans voix. Et la violence, et la brutalité de ses sentiments la laissent pauvre de toute innocence. Pour le vaincre, pour lui prendre cette seconde, cette seconde d’égarement, elle se sent presque mourir et se réveiller différente. Un regard différent avec les mêmes yeux. Une idée différente pour un même but. Faudra-t-il qu’elle l’aime, qu’elle l’aime vraiment pour enfin le posséder ? Faudra-t-il qu’elle embrasse la cause de ses ennemis pour enfin les vaincre ? Faudra-t-il qu'elle se laisse mourir chaque jour davantage pour enfin revenir à la vie, métamorphosée, souillée, perdue. Sans laisse mais sans plus de liberté.

Tu ne répondras pas. La vraie question. Celle qui dérange ton cœur et que tu fais taire, tout au fond. Le Sauveras-tu ? Non, bien sûr que non. Gaia, peut-être, serait moins cruelle que toi. Tu n’as pas sa science du sacrifice, tu n’as pas son indifférence végétale. Tu souffres d’un mal profond qui te rend rancunière, qui t’abjecte de limites vaines, celle la même que tu aimerais vaincre maintenant devant lui. Tu es en colère, comme l'animal en cage, blessé si profondément que ses cicatrices sont les marques des souillures de son âme. Tu es comme cet animal, qui ne pourra plus jamais croire à la beauté humaine. Tu as perdu l'innocence encre de la reine mère. Objet du démon blanc, tu es inconnaissable. Perdue, à jamais. Que même Gaia ne saurait t'aimer comme elle t'aima enfant. Car ce sentiment rare, ce sentiment qu'il t'offre. Ce désir, si fort, alors qu'ardente créature, tu tentes de posséder son âme. Cette sensation, si éphémère, que tu ressens avec tant d'intensité. Déjà elle te trouble. Tes doigts tremblent, un chaste instant. Il suffirait de te saisir de ce présent, de lui prendre cette victoire avant qu'il ne te l'ôte. Mais tes grand yeux noirs se troublent, Morgan, tu frémis. Ton cœur se brûle aux feux de tes sentiments coupables.

Son corps est d'acier. Aleph a la sécheresse brute des hommes dont la violence intérieure dévore les chairs. Sec et tendu, comme un arc qui s'apprête à tuer. Morgan, si légère, ne connaît pas ces tensions là. Aérienne, elle a le sens de la flèche et sa finesse. Et même, parfois, son goût pour le sang. Mais pas cette discipline. Pas cette objetisation du corps par l'esprit, qui lui donne les propriétés minérales de ses duretés intérieurs. Déposée sur son corps d'acier, il lui semble caresser du bout des doigts  les buildings de la ville. Ces astres de pierre, aux bruits si regrettables, qui se hissent jusqu'au ciel et illuminent la nuit noire, empêchant les bêtes de dormir en paix. La tension de l'homme la tient en éveil, Morgan rêve de le voir tomber, s'abandonner dans le labyrinthe de ses bras infidèles. Elle rêve, encore, fantasmant une réalité facile alors que déjà la tension s'allège et brûle l'insolence. Les dents blanches du scientifique blessent le diaphane de sa peau fine. Morgan sursaute. Soudain elle ne tient plus entre ses doigts fins, la vérité douce amère de son existence. C'est quelque chose qu’elle ne connaît pas, non plus, cette sensation. Cet homme qui mords sa chair, la dévore. Et elle ne sait si elle aime ou si elle se meurt qu'il puisse oser prendre ce qu'elle ne veut consentir à lui offrir. Et elle ne sait si elle veut, ce qu’elle veut et ce qu’elle devrait. Un sentiment l'assaille, plus fort que les autres, alors qu'il épouse ses lèvres, les détruit entre ses crocs. Une crainte, si puissante, une peur si terrée en elle que Morgan croyait qu'elle était morte. Une crainte bien vivante, un animal fou qui mords son cœur, les lambeaux de son âme et lui hurle de fuir.


L'instinctive griffe, attaque, le corps qui l’assaille. Ses doigts se perdent dans les plis de la blouse du scientifique. Morgan étouffe. Les yeux grands ouverts, plein de panique et de fureur. Morgan étouffe, prise au piège de sa propre toile. Insecte qui se débat entre les fils blancs et collants de sa fin proche, elle s'enroule dans le cocon de son désespoir alors que l'obscure noirceur s'apprête à la dévorer. Ce qui lui reste d’innocence la supplie de s'enfuir, de rejeter ce mal profond, cet espoir perdu de séduire un homme qui ne pourrait que la détruire. Ses mains bleuissent sur les clavicules osseuses de l'homme. Elle le rejette. De toute ses forces de maladive.

Mais déjà il se moque, rit de son infortune. Et, alors que sa proie s'échappe de sa toile, Morgan ne sait si elle doit s'en réjouir ou en pleurer.

Elle répète, écho de sa voix masculine dans ses lèvres souillées.
-Ineptie. Je ne serais jamais à vous.

Parle. Se moque. Morgan a perdu le contrôle de son hôte. Il se joue d'elle, lui rappelle les sombres limites de ses possibilités. Inexistantes. Il l'esquinte, à être si cruelle. Ses espoirs s'envolent sur les ailes fragiles de son assurance. Mais déjà la nature reprends ses obligeances. Elle secoue le scientifique, lui ôte sa sublime insolence. Lui porte un coup dans le corps, entre le tremblement de ses os et l'air frelaté de sa bouche. Gaia se moque, elle aussi, quand Morgan ne peut plus. Gaia se moque du maudit et lui rappelle sa loi. Terrible. Pour ceux qui ne suivent sa voie ou porte son sceau.

Sous les yeux écarquillés de la belle, l'ojet de ses doutes s'écroule. Est-ce ce baiser volé ? Cette violence contre sa prêtresse ? Est-ce juste le rappel du temps ? Les réminiscences violentes de sa nature vicié ? Ou est-ce le baiser ? Morgan y pense. C'est qu'elle embrasse rarement. C'est que personne n'a osé atteindre ainsi son intégrité. C'est qu'elle ne saurait dire si la panique était légitime et son cœur vraiment bafoué. A jouer aux terribles jeux des ombres, de cette froideur blanche, de leurs écarts viciés, sera-t-elle la prochaine à s'écrouler ? Une main sur la bouche, le cœur coupable, les poumons qui menacent d'imploser. Peut-être est-ce ça, sa maladie à elle, ce venin qui éveille ses sens, condamne son âme. Ces amitiés morbides, aux élans cruels de vengeance, avec les habitants de la cité blanche.

Quand il la possède, de ses doigts plein d'os, creusés par la maladie. Quand il la possède, entre ses mains puissantes qui enlace sa vie et l'étouffe. Quand il l'éteint, il n'a pas la même froideur que son collier d'acier. Il n'a pas cette même emprise sur elle. Mais il vient comme viendrait la mort, exigé son dû, peser son âme -si pleine de détours. Morgan pourrait se débattre. Mais, un court instant, elle croit voir en ces mains les armes de Gaia. Elle croit voir venir sa mère alléger son existence, reprendre ses pouvoirs, lui offrir, enfin, une liberté semblable à nulle autre. Alors, malgré sa douleur, ce besoin de se débattre, la jeune femme se laisse à un calme immobile alors que seuls ses yeux, si plein de sentiments, clament sa crainte. Mais déjà, trop vite, son amant indécis desserre son étreinte.

Il lui semble sentir ses os caresser sa peau alors qu'il descend à ses pieds. Il lui semble la mort la quitter, cette sainte délivrance, alors qu'enfin il cesse ses insolences. Il lui semble venir enfin sa délivrance alors qu'il porte à ses doigts, le verre froid de son obéissance.

La mort. La mort à celui qui a osé la rendre si laide. La mort, la mort à lui qui a osé lui prendre ses lèvres. A ses yeux malades, à ce souffle vicié, à ce scientifique volé à la raison pour le plaisir d'une science insalubre. La Mort. Morgan le condamne. Sans procès. Sans remord. Morgan se veut sa mort. Elle porte le verre sous sa mâchoire. Contre la gorge. Fine. Sur sa peau tendre. Elle mords ses lèvres, dans la douleur de son geste alors que l'éclat s'enfonce dans sa chair et pénètre celle de son bourreau. La morsure lui rappelle leur baiser, Morgan se fait cruelle. Mordant la chair plus profondément. Leurs sangs se mélangent. Elle peut presque les sentir, au bout de ses doigts, s'unir et se haïr dans la même danse mouvante. Sa seconde main vient dans la chevelure de l'homme tirer son visage en arrière. Il a de grands yeux, de grands yeux clairs. Aux nuances grises du désespoir. Morgan peut lire dans ses prunelles, le néant qui l'emporte. Il s'offre. Sa gorge blanche ne rêve que d'un sourire. Béant. Sur ses lèvres blessées.

Elle souffle.

-Une mort lente. Si lente.
Gaia sait être cruelle avec ceux qui la blessent.

Sa voix prends plus d'espace, la nature en cage écoute sa princesse perdue s'abaisser aux rancunes humaines, puis s'en défaire. Comme d'une robe dont on ne veut plus. Comme d'une histoire d'amour qui nous blesse. Un non. Retentissant. Un bruit de verre sur le sol. Une main qui s'ouvre et le délaisse.

-Elle t'a promis à la mort la plus atroce qui soit.

Ses mains se déposent sous la mâchoire masculine. Qu'elles portent, du bout des doigts. Tachant le blanc lugubre de son visage du rouge sang de la vie. Morgan se baisse doucement, jusque son visage soit au dessus de celui levé du cadavre ambulant. Jusque ses yeux avides puissent boire dans les siens toute la profondeur de son désespoir.

-Pourquoi t'achèverais-je maintenant ?

Cruelle, comme sa mère, Morgan esquisse un sourire en relâchant son étreinte. Avec lenteur elle s'écarte de lui, rejoint une feuille tendre de la nature vide de sens qui les entoure. Et murmure, du bout des lèvres, alors que Gaia emprunte ses lèvres.

-Sois maudit Aleph Murnau. Sois maudit à jamais.
Et que jamais ne cesse ta vie.

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