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Message par Aaron Mar 9 Déc - 10:15



In Trouble


Je ne suis pas violent. Je porte des vêtements fins. Une chemise blanche. Pale comme la mort. Vide de sens. Des boutons de machette offerts par je ne sais plus qui, d’une grande élégance. Des boutons, d’un gris sombre, comme les coutures, fermées les uns après les autres devant la glace. Pas de cravate. Je n’ai pas besoin de laisse. Une veste coupée avec soin, d’un noir encre. De belles chaussures, cirées.  Un pantalon élégant. Tant d’argents. Tant d’argents pour faire de nous de bons partis. Pour faire de mon visage celui d’un ange, quand celui de mon frère est masculin et plein de virilité. C’est la mâchoire, sans doute, et ses quelques années de plus, c’est tout ce que cela change, entre son visage et le mien. Dans cet éloge de la violence, il sera bien mieux loti que moi. Bien sûr nous sommes trop bien habillés, l’Autre veut faire bonne impression. Il taira mon refus d’entrer dans l’Armée Blanche, tentera sans doute de me faire voir comme l’un des futurs esprits brillants de l’épicentre. Et, si j’ai la mine boudeuse et que je ne me prête à sa vile mascarade, fera porter toutes les attentions sur mon aîné.

« Où est ta cravate ? »
Grognement du père. Encore.
Il ne se lassera jamais.
Mais je suis plus têtu que lui.

Nous marchons en silence. L’Autre. Mon frère. Et moi. Nous n’avons pas de voiture, alors il nous faut bien marcher. L’air est vif, grésillant, les nerfs à vif il me semble sentir l’orage d’une future mésentente. Je ne dis rien, pourtant, nous ne parlons jamais. Je ne les regarde pas davantage, leurs perfections m’exècrent. A une intersection, l’œil happé par une vieille ombre familière, je m’arrête. Nous parlons, quelques mots, tout bas. Les Strauss s’éloignent, sans prêter plus attention. Quand enfin ils sont hors de vue, je délaisse la vague muse d’un chaste instant et reprends ma marche solitaire. L’air soudain est moins lourd, mon pas plus léger. La soirée s’annonce belle et malgré mes obligations je ne puis m’empêcher de penser à ce que je pourrais faire pour faire frémir le père. Je l’imagine déjà, tentant de contenir sa rage. Combien de fois a-t-il pris son mal en patience ? Le visage rouge et les yeux gros et laids, roulants dans leurs orbites. Cette fois ci, encore, je veux lui montrer que je ne suis ni son chien, ni son clone, mais le fils de sa femme. Cette fois-ci encore, je veux me jouer de sa rage et le faire sortir de ses gongs. Plaisir malsain il est vrai, mais qui souvent me fait le plus grand bien.

Au reflet d’une fenêtre, je m’arrête. Mes yeux sont clairs, gris, presque ternes.  C’est à cause du costard, sans doute, je ne suis pas fait pour m’habiller ainsi. Je retire le mascara de ma poche avant gauche. L’instrument est fin, délicat. Il m’amuse à vrai dire et caresse mes cils de son encre noir. Je prends un soin tout particulier à le mettre. Je n’en ai pas besoin de beaucoup, ma blondeur a de cela qu’elle reflète avec grâce toute trace même infime de maquillage. Je n’ai pas besoin de beaucoup, une touche, juste une touche, le contraindra comme un ressort. Mon cœur se serre dans ma poitrine, je l’entendrais presque battre plus fort. C’est triste à dire, mais les doigts agiles de ma mère me manquent, elle me maquillait comme personne. C’est la seule chose qui me reste, ses instruments d’apparat. Elle en était fière aussi je les garde et les protège des foudres de l’Autre.

Un battement de cil, l’instrument dissimulé dans une poche, et me voilà de nouveau sur la route. Autour, les buildings sont de plus en plus hauts, je ne dois plus être très loin. Et puis, enfin, la grande porte, devant laquelle m’attends Bran. Je ne peux m’empêcher de lui reconnaitre une certaine beauté. Ses bras sont croisés devant son corps, dans son costard noir, il est d’une grande élégance. Derrière sa mâchoire dure et son port d’athlète, je perçois toujours en lui mon frère. Quelque chose dans son regard, peut-être, de jeune, de flexible. Quelque chose de doux. Nous étions très proches autrefois. Nous jouions pendant des heures, et même, parfois, chassant l’air grave de l’Autre, et celui fragile de ma mère, nous rions.

-Qu’est-ce qui t’a pris autant de temps ?
-Rien, rien.

Mais de nos frasques d’enfant ne restent plus que les fantômes d’histoires passées. Entre nous l’Ombre de l’Autre, étouffante, assourdissante, anéantie dans l’œuf le moindre de nos échanges. Puisqu’Il parle dans sa voix, qu’Il l’habille et le transforme, je ne puis plus voir l’enfant. Et l’homme, l’homme m’est détestable. Alors je fuis ses regards comme ses mots. Je le fuis. Toujours, autant que je le peux. Pourquoi donc est-il reste en arrière à m’attendre ?  Sa voix gronde.

-Aaron, regarde-moi.

Il veut jouer à ça, je connais déjà le refrain par cœur. Mes cils battent, je voudrais ne plus jamais sourciller. Mon visage se tourne vers lui, mes yeux se lèvent de quelques centimètres. Je le regarde, droit dans les yeux.

-Tu enlèves ça, tout de suite.

Et, simplement, comme les pierres plates sur l’eau, les ordres glissent.

-Non.



Il répète, il crie. Sus sa peau pale s’étire une rougeur, je sens sa colère monter, comme la mienne. Elle gonfle en moi, à l’intérieur de moi, si forte. J’étouffe sous mon costard. Il crie encore, ne cessera-t-il pas ? Il le sait, rien ni fera. Brusquement, je me décide et décroche. Sans plus un regard pour lui je me dirige vers l’entrée. Ses mots ne m’arrêteront pas.

Sa main se pose sur mon épaule, ses doigts se referment empoignant mon costard hors de prix, qui me rendait si étrange, élégant et sage. Il tire, me projette en arrière. Me voilà contre un mur. Il  me tient par le col, le visage si mien que je sens son haleine chlorée. Il répète.

-Aaron, je te préviens, je ne te laisserais pas entrer comme ça.

Il ne peut même pas le dire. Ce que c’est. Le souffle froid, les mots secs, je réponds.

-Il le faudra bien, frère.

Son coup atteint mon ventre. Je me plie de douleur et réponds tout aussi sec. Ce n’est pas comme si nous n’étions pas habitués aux coups, dans cette famille. Nos muscles sont durs, solidifiés par des années de meurtrissures, d’entrainements et de mésententes. Mon poing atteint son ventre. Il se replie quelques secondes et déjà, je vois la sécurité nous rejoindre au trot. Il était temps.

« Messieurs, vous avez gagné une nuit au trou. »

Déjà ils s’approchent avec des menottes.
J’espère juste que cette fois, nous ne serons pas dans la même cellule.

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Message par Silk Sparkling Sam 13 Déc - 22:29

La petite boule est douce sous la pulpe de ses doigts, fraîche, légèrement collante. Son galbe est couvert de copeaux qui s'assemblent en un mélange de reliefs harmonieux. Elle la fait rouler un instant pour ravir une dernière fois ses yeux, puis sa main l'apporte près de ses lèvres. L'odeur est délicate, légèrement sucrée, discrète car gelée, pourtant, on perçoit déjà l'intensité de la saveur. Les yeux, devenus inutiles en cet instant, se couvrent de leur paupière, oubliant leur fonction, sombrant dans un noir temporaire. Doucement, Silk hume les effluves de chocolat. Ses lèvres effleurent la truffe glacée avant de se fendre en un sourire. Délicatement, ses dents viennent mordre la confiserie, assez lentement pour que sa langue goutte le flot de saveurs qui envahit sa bouche. Le morceaux entièrement en bouche, Silk bascule délicatement la tête en arrière, comme on se délecte d'un met rare et précieux.  

Silk mange toujours comme cela. En prenant des petites bouchées. Comme si chacune d'entre elles étaient un trésors. Dans sa vie, elle avait oublié de savourer. Elle mangeait sans goût, sans appétit, sans réelle appréciation réelle. Depuis qu'elle a quitté sa vie d'avant, depuis que son corps est parvenu à détruire les restes de drogues qui ont couru ses veines pendant des années, elle s'était sentie revivre toute entière. Depuis, chaque petite chose s'apparentait à de l'or pour ses sens. Chaque gorgée d'eau, chaque bouchée de nourriture, chaque baiser, chaque brise, chaque parfum, Silk en reconnaissait la valeur.  

Une main chaude vient effleurer sa chair nue, d'abord son omoplate, puis remonte sur son épaule pour transformer sa caresse en une douce pression. Des lèvres viennent se poser sur sa tempe et un nouveau parfum vient étourdir son odorat. Le parfum de Sax. Sa peau, ses baisers. Silk se redresse et ouvre avec plaisir les yeux pour trouver là, dans le reflet de l'immense miroir de sa coiffeuse, son mari. Son sourire s'agrandit tandis que ses yeux caressent la silhouette qui se dessine devant elle tandis que son corps en ressent la présence dans son dos.  

"Ce n'est pas comme ça que tu vas être à l'heure..."

Il lui sourit, la taquine, mais il comprend. Silk fait une petite moue légèrement boudeuse tandis que ses iris effleurent le morceau de chocolat qui reste entre ses doigts.

"Cette truffe glacée est si bonne qu'il serait un sacrilège de ne pas l'honorer comme il se doit. Tiens goutte."

Son dos se cambre. Assise dans son fauteuil, une jambe ramenée contre elle et l'autre pendante vers le sol, elle bascule en arrière, étire son corps et son bras pour présenter le morceau restant aux lèvres de son aimé. Totalement à l'envers, elle guette sa réaction.

"Alors ?"

Il lui sourit, approuve en riant doucement, et se penche pour l'embrasser, un long et tendre baiser. Lorsqu'il se redresse, Silk fait de même, faisant de nouveau face au miroir. Elle sait qu'il a raison, que l'heure tourne tandis qu'elle reste là, en lingerie et bas, occupée à savourer une confiserie au lieu de finir son maquillage, d'enfiler sa robe et son masque mondain. Elle pose son visage sur son genoux et enserre un peu plus sa jambe contre sa poitrine. C'est vrai, elle ne veut pas y aller. Sax ne peut pas l'accompagner et elle sera entourée de tout ce monde qui ne la comprend pas, de son père et de sa mère, qu'elle ne comprend pas. Ces gens qui vont venir lui parler travail, projets, business, argent, futur, tout en la regardant avec dédain, doutant de sa capacité à comprendre ces mots "barbares" qu'ils utilisent. Ils la prennent pour une profane, pourtant, il faut qu'elle soit là à chaque visite d'usine, à chaque meeting. Elle impose sa discrétion à ces requins commerciaux et affirme ses décisions avec douceur. Quand ses directives se révélaient judicieuses et rentables, on oubliait étrangement de la féliciter ou de lui en être reconnaissant.

Malgré tout, elle pose ses deux pieds au sol pour rapprocher le fauteuil de la coiffeuse afin de continuer son maquillage. Plus tard, elle enfile une robe rose pâle dont les petits volants plus foncés ornant le bas et la traîne du vêtement s'apparentaient à des pétales. Comme une pluie de printemps. Un dernier baiser après avoir enfilé son long manteau crème, Silk s'arrache à son foyer pour se rendre à la réception, ajustant son rouge à lèvre sur la banquette arrière de la berline. Un coup d'œil à la fine montre argenté qui orne son poignet confirme les propos de son époux : elle est en retard. Pourtant, elle sourit.

.~¤~.


Des éclats de voix retentissent près d'elle tandis qu'elle s'approche de la grande porte. Bientôt, des gestes succèdent aux mots et le premier empoigne le second pour lui asséner un coup de poing dans le ventre. Silk porte une main à ses lèvres sous la surprise tandis que son chauffeur, qui l'accompagne jusqu'à l'entrée, se met devant elle pour la protéger d'un quelconque débordement. Il ne faut que quelques secondes avant que la Sécurité intervienne, menaçante avant même d'avoir cherché à comprendre ce qui se passait réellement. Mais Silk sait, et Silk n'aime pas ce qui est injuste. Quand l'un des agents tente d'empoigner le jeune homme aux yeux et aux cheveux clairs, fin, fragile et pourtant l'air incassable, elle s'interpose.

- Voyons, vous n'allez pas emmener ce Monsieur au poste, il n'a rien fait, il vient tout juste de se faire agresser !
- Reculez Mademoiselle.
- Madame Sparkling.
- Oh, Madame, veuillez m'excuser, je ne voulais pas être impoli.
- Pourtant vous l'êtes en voulant emmener un innocent jeune homme "au trou" alors qu'il n'a fait que se défendre. J'en suis témoin.  

Sa voix ne s'est pas élevée, ses exclamations sont douces, on ne pourrait jamais lui reprocher d'avoir crié. Toutefois, ses mots parviennent avec une fermeté dissimulée qui impacte sur l'inconscient des agents. Elle n'a pas usé de son titre comme elle aurait pu le faire, de façon outrée et impériale, il lui a suffit de prononcer son nom. L'agent la regarde un instant, hésite. Silk soutient son regard avec une patience désarmante, comme si elle lui laissait poliment le temps de se rendre compte de son erreur. Ensuite, comme sur un air entendu, elle glisse sa main sous le bras du jeune homme et, d'une légère pression, l'invite à la suivre. Ses iris clairs toujours accrochés à l'agent de sécurité, elle hoche doucement la tête.

"Nous sommes d'accord."

Doucement, elle arrache l'inconnu à sa situation et l'emmène avec elle, passe la grande porte avant de se rendre compte de ses manières quelque peu... déplacées. Elle bifurque dans un petit hall, à l'écart du grand couloir qui mène à la pièce principale d'où on pouvait entendre les discussions étouffées. Une fois un peu plus isolés, sa main relâche le bras du jeune homme.

"Comment vous sentez-vous ? N'avez-vous point trop mal ? Avez-vous besoin de quelque chose ?"

Ses questions sont fluides, douces et concernées. Ses sourcils sont froncés en une légère expression de sincère inquiétude. Silk n'a pas le temps de se maudire d'avoir ainsi agit sans réfléchir, elle réalise à peine qu'elle a laissé tomber son masque habituel pour se laisser le temps d'exister l'espace de quelques secondes. Et elle n'arrive pas à le retrouver, ce masque, aussi, elle sourit.

"Pardonnez mes manières... Je vous ai emmené ici sans même demander votre permission et je ne me présente même pas. Je suis Silk Sparkling."

Ses iris clairs courent sur le visage de l'inconnu, à la recherche du moindre signe de douleur, dans toute sa bienveillante douceur.

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Message par Aaron Mer 28 Jan - 9:02

Le décompte des heures, longues, dans une cellule grise, aux barres de fer. Je nous imagine déjà, ensemble, chacun dans sa geôle, à attendre que l'Autre daigne venir. Il me laisserait peut-être passer la nuit au poste. Sans doute. Mais pour son pur-sang, il ferait tout pour que l'armée blanche lave son nom et le relâche au plus vite. Je l'imagine le regard froid, le visage dur, glacé dans une violence d'acier que sa volonté de fer n'excuse même plus. Je le retrouverais dans son regard glacial, impénétrable qu’il m’impose chaque fois qu’il me découvre. Sous le voile noir de ce produit de femme, qui borde mon regard et me redonne constance, j’aurais sans doute l’insolence de le braver. Une nouvelle fois. Car toujours, me crie mon cœur alors que déferle le sang dans mes artères en colère. Toujours. Il faut. Le laisser à la porte de velours de ma personne. Dans l’indifférence, aveugle et sourd, muet et sot. Ne jamais le laisser entrer. Ne jamais laisser entrer quiconque. Jamais.

Déflagration.
Une voix claire, aigue, douce et ferme.

Je nous imagine déjà, à des années lumières, dans une cellule grises, aux barres de fer. Sans doute dans la même cellule, à nous haïr chaque seconde davantage. Le souffle insupportable de son corps puissant écrasant le mien. Je nous imagine déjà, si loin, que la vérité m’est étrange. Une femme, petite, minuscule, à la blondeur angélique et aux jambes nues. Une femme, sur des aiguilles, qui parle alors que nous baissons tous les yeux pour la voir, la découvrir, derrière la douceur voilée de son maquillage, dans les consonances claires qui s’échappent de ses lèvres roses. Une femme, anodine, qui s’élève dans nos ténèbres et nous éclaire de sa lumière froide. Sa voix impose le silence, je cesse de me débattre. Elle attire notre attention, nous dérobe nos tensions alors qu’avec la légèreté d’une plume, elle distille sa volonté de fer. Et nous laisse, au bout de ses lèvres, suspendus, dans une confusion sans doute toute masculine. Une femme dans le labyrinthe de mon existence, qui parle, je crois, de moi. Une femme qui entre, dans la bulle frelatée du cercle familiale. Qui ne reconnait, dans la noirceur de nos regards, l’existence d’un mal bien plus profond, bien plus obscur, qui ronge nos âmes.

Un instant, je doute qu’elle réussisse. Je la regarde évoluer en étrangère de ce monde noir dont elle ne doit avoir conscience. Sous la protection chaude de son manteau beige, d’un tissu qui confirme son luxe, elle ne doit pas y connaitre grand-chose, des rixes et de l’armée blanche. A-t-elle seulement un jour senti les menottes froides qui encerclent mes poignets ? A-t-elle vu la nuit, la nuit noire, elle qui n’a jamais dû que vivre sous l’Aurore tonitruante et ses couleurs blanches ? Sparkling, c’est un nom qui ne m’est pas étranger. Sans doute est-elle la princesse d’un de ses empires économiques qui règnent dans l’épicentre de la ville.

Les doigts rudes reviennent à mes poignets, ouvrent le savant mécanisme et libèrent mes mains. Que je ne sais où mettre. Dont je ne sais que faire. Parler me semble nécessaire mais aucun mot ne parvient à mes lèvres. Seule sa voix semble suffisamment claire. Alors je reste silencieux, la laisse s’accrocher à mon bras. Et, sous le regard furieux de mon frère, je disparais dans sa lumière.

Elle est légère. Accrochée à mon bras comme seules les femmes savent le faire, la main douce, le poignet offert. Elle est légère, ses talons bruissent sur le sol, unique preuve qu’elle touche encore le sol. Je la regarde à la dérobée, du coin de l’œil, laissant l’ange blond décider de mon sort. Je la regarde, sous le voile noir du mascara, elle si légère et moi qui semble si lourd. L’air glisse dans ses cheveux et éveille myriades de fils d’or. Elle brille, dans son manteau beige, d’un luxe hurlant. Elle scintille, dans son maquillage léger, qui éveille son visage et en révèle les beautés. Sous le voile noir de mon regard poudré, elle défie les lustres du ciel et s’impose, dans son corps petit et frêle, comme seule lumière. Métaphore de l’Aurore, de sa puissance millénaire, elle ne ressemble à rien que je n’ai pu voir un jour. Si délicate, si fragile, à mon bras, que pour ne pas la blesser j’ose à peine marcher. Je suis son rythme pour ne pas lui infliger le mien. Je me dissimule derrière sa petitesse et devient l’instrument qui l’habille, si bien que quand nous entrons dans la grande pièce, personne ne me voit. Du moins, je l’espère. Que sa lumière éclipse la noirceur qui s’est emparée de mon cœur.

La musique me ramène à une réalité presque déplacée. Je n’ai jamais vraiment fait partie de ce monde même si l’autre espère que nous trouvons, mon frère et moi, nos futures épouses et amis. L’Autre. Il doit être là quelque part. Mes yeux le cherchent. Je sens monter en moi cette honte si familière, que je ne peux m’empêcher d’éprouver. Cette honte de lui infliger un énième combat qui se mêle a la fierté de n’être son fils que part le sang. Je me sens me raidir, me grandir, je me prépare a son regard. Les yeux des autres, sales, condescendants ou plein de lumière ne m’intéressent pas. Heureusement la dame à mon bras décide elle-même notre repli vers des terres plus clémentes. Je m’accroche à sa présence, la suit sans me retourner. Je verrais l’autre bien assez tôt.

Mon ange délaisse mon bras, s’égare dans des questions, d’une grande douceur, qui me laissent froid et presque indiffèrent. Ce n’est pas de sa faute. Je suis bon prince, malgré ma basse éducation. Mais je n’ai pas l’art de parler de ma personne. C’est un cadeau qui me fut toujours refusé. Les questions me crispent. Mais c’est avec une grande douceur que je lui réponds.

-Ne vous inquiétez pas, je vais bien.


Son visage est tellement plein d’émotions que je ne sais d’origine maternelle ou simplement empathique, que je ne sais que dire vraiment. J’aimerais la rassurer, mais tout ce qui me vient en tête n’arrangerait guère la situation. J’aimerais la rassurer, mais je n’oserais pas serrer sa taille fine, son petit corps élancé dans la crainte de la briser ou de m’attirer son rejet. Aucun mot, aucun geste, ne reste que mon sourire. Mes lèvres s’étirent, je me sens répondre au sien. Brillerais-je seulement un jour d’un tel éclat ? D’une telle pureté ?

-Vous êtes toute excusée, et je ne saurais, d’ailleurs comment vous remercier.
Y-a-t-il quelque chose qui vous ferais plaisir Silk ?
N’hésitez pas à le demander, je suis et resterais votre obligé.


Ce petit bout de femme mérite bien mes remerciements. Sans elle, je serais déjà sans doute en train de broyer du noir à des lieux d’ici. Comment me présenter, par ailleurs ? Puisqu’elle n’a eu de moi que le triste portrait de mon éternelle défaite. Je n’oserais embrasser ses joues comme on le fait avec une enfant, et l’immobilité ne rendrait pas davantage juste aux gestes de ma sauveuses. Lui tendant la main, je me décide enfin.

-Je m’appelle Aaron.


Pas de nom. Plus de nom. J’espère qu’elle ne m’en voudra pas de l’appeler par son prénom. Je ne crois pas que nous soyons l’héritage de notre famille, leur pièce rattachée. Je ne veux pas le croire, du moins, cette vérité me serait trop cruelle. Elle, c’est sure cependant, doit être bien plus fière de sa famille que moi de la mienne. Alors que nos peaux se touchent, ma main retient la sienne.

-Sparkling ? N’est-ce pas l’usine ? Vous savez celle où ils utilisent des cadavres pour reconstruire de nouveaux tissus ?


Impossible. Une femme d’une telle beauté, d’une telle douceur ne pourrait être associée à ces scélérats cruels et sans cœur.

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