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Le ratel et la fleur. Empty Le ratel et la fleur.

Message par Kalliope Mar 30 Déc - 23:50

Six ans plus tôt ...


Elle court. De toutes ses forces. Paniquée. Terrorisée, même. Elle bouscule un couple de la haute. Typiques de la Cité. Ceux qu’elle hait. Qu’elle combat. Mais aucune intention meurtrière ne vient. La peur est là, qui la pousse à fuir. Fuir, loin, très loin. Fuis ! C’est justement ce qu’il lui a dit. Qui ça, il ? Elle ne sait pas. Ne sait plus. Mais les paroles résonnent encore, en boucle. L’ordre. Le dernier. Alors elle laisse sa lame dans son étui. Elle ignore le regard choqué qu’ils lui jettent. Eux, face à l’adolescente malingre qui a fait irruption dans leur univers. Salue, puante, en haillons. Mais pire que tout, couverte de sang. Celui d’un ami. Celui d’un ennemi. Le sien. La douleur est toujours là. Elle lui cisaille l’abdomen. La harcèle. Lui refuse le repos. Rappel lancinant de l’hallali. La meute est à ses trousses. Il faut s’accrocher. Continuer. Des éclats de voix, derrière. Furieux. Quant on parle des loups … Elle est perdue. Ce monde lui est étranger. L’instinct la guide, tant bien que mal. Et plutôt mal. Cul-de-sac. Elle avise une bouche d’égout. Mais ils se rapprochent … Les soldats débouchent dans la ruelle. Haletants. L’arme au poing. Ils remarquent l’ouverture béante.

- Putain, mais elle va cavaler encore longtemps, s’te connasse ? Je croyais que tu lui avais logé une balle dans le buffet, Gus !

- Ouais, merde, j’en suis sûr. Regarde, ça, c’est son sang ! Y sont juste pas humains, ces sauvages !

Sans hésiter, ils s’engouffrent à leur tour dans les canalisations. Quelques minutes s’écoulent. Un chat s’aventure dans la ruelle. Renifle les taches rougeâtres au sol. Il s’en désintéresse et rejoint la benne à ordures proche, d’un bond souple. Il sursaute. Une paire d’yeux le fixe. Brûlants. Enragés. Electriques. Le félin déguerpit. L’adolescente soupire. Grognement de douleur alors qu’elle se relève. Trébuche. Se redresse encore. Il faut trouver un autre refuge. S’ils comprennent comment elle les a bernés … La nuit. Elle doit attendre. Trouver une planque. L’obscurité est son alliée. Elle n’a pas peur de ces ténèbres. Il en existe d’autres bien plus effrayants … Une rapide fouille de la poubelle lui livre un sac de fringues. Presque intactes. Gaspillage inconsidéré chez elle, sens commun ici. Elle renifle de mépris, mais l’aubaine est belle. Elle en déchire un pour bander son ventre. Mauvais. La balle est dedans, elle le sait. Le bandage s’imbibe aussitôt. Mais au moins laissera-t-elle moins de traces … Elle fait de même avec son bras. Un manteau, presque à sa taille. Un pantalon, un peu trop court. Elle fourre d’autres lanières de tissu dans les poches. C’est reparti.

La faim vient s’ajouter, rapidement. Elle sait voler. Mais le risque est trop grand. Pas ici. Pas dans ce quartier huppé. Les flics sont présents. Les pouilleux comme elle, rare. Un commerçant la grillera à vue. Alors elle ignore les grognements de son estomac. Un calvaire insignifiant, par rapport au précédent. Mais un fardeau de plus. Une halte. Toilettes publiques. Elle se désaltère. Se débarbouille, tant bien que mal. L’eau claire devient rouge. Trop de sang.

La détonation retentit. Le crâne de Markos explose. Un hurlement. "C’est un piège !" Nouveau coup de feu. Une balle siffle à ses oreilles. Elle se jette à terre. Nikia, à côté, paniquée, regarde la sortie. Echappatoire illusoire. Traquenard. Elle le réalise, s’efforce de la retenir. Un instant trop tard. Nikia s’est relevée. Le projectile lui traverse la gorge. Nikia s’effondre. Giclée de sang qui lui éclabousse le visage. Rage. Colère. Refus de mourir sans combattre. Inspiration. Roulade sur le côté, nouveau couvert. Elle attend dix secondes. Hasarde un coup d’œil. Deux hommes, derrière une caisse. Ils arrosent ses camarades. Nouvelle inspiration. Elle s’élance. L’un d’eux se retourne. Il hésite une fraction de seconde. Une gamine. Même pas armée. Ses réflexes reprennent le dessus. Trop tard. La lame jaillit de l’étui, tranche la carotide. Il agrippe son cou. Geste vain. Son coéquipier pivote aussitôt. La gueule du fusil pointée sur la furie qui vient d’occire l’un des siens. Celle-ci encaisse un impact. Comme un colossal coup de poing en plein ventre. Mais l’adrénaline afflue, encore. Un éclair métallique, le couteau qui se fiche dans l’œil. Elle tombe à terre. La réalité reprend ses droits. La douleur éclate. Elle hurle. Elle pleure de douleur. Soudain, une voix familière résonne.

- Art’ ! TU DÉGAGES ! MAINTENANT !

L’autorité. Le chef des Ratels. Le sien. Son corps réagit. Effort de volonté pure. Elle se redresse. Ils sont cernés. Des renforts arrivent. L’ennemi est de plus en plus nombreux. Le feu adversaire les cloue au sol. Mais pas elle. Il y a une fenêtre. Elle peut s’enfuir. L’ordre est clair. Mais son esprit refuse de l’accepter. Non.  Pas une fin pareille. Elle échange un regard avec son mentor. Il la connaît. Elle, son fichu caractère. Bornée. Alors il beugle. Encore plus fort. Autorité incontestable.

- C’est un putain d’ordre ! FUIS !

Elle tremble, mais elle s’exécute. Profonde inspiration. Elle relègue la douleur. Muselière d’acier pour l’empêcher de mordre. Un dernier regard. Elle prend de l’élan. Plonge par la fenêtre. Nouvelle douleur. Un morceau de verre fiché dans le bras. Elle l’ignore. Elle commence à courir. Une explosion, derrière elle. Explosif artisanal. Alors elle comprend. Fini. Tout est finit. Elle est seule. Isolée. Perdue parmi les Blafards. La panique s’empare d’elle …


Elle s’ébroue, alors qu’on tambourine à la porte. Evanouissement. Combien de temps ? Impossible à dire. Elle bouscule l’importun en sortant et déguerpit. Vite. Elle se mêle à la foule bigarrée. Quand le cri retentit, elle s’est déjà fondue dedans.

De la verdure. Un parc. Petit, étriqué, artificiel. Des arbres, des bosquets, impeccablement taillés. Elle ricane. Prétention blafarde. Mais cet ersatz de nature a des airs de paradis, à ses yeux. Elle se sent déjà mieux. Un peu. Illusion qui ne durera guère, mais elle savoure. Elle repère un fourré. Idéal. Décentré. Touffu. Peu de personnes, à cette heure. Elle vérifie une dernière fois. S'engouffre dedans. Recroquevillée. Prête à jaillir face au danger. L'attente commence. Quelques heures devraient faire l'affaire. Ne pas s'endormir. Surtout. Ne pas s'endormir. Ne pas craquer, non plus. Ne pas hurler. Attendre. Il faut attendre ...

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Kalliope
Chef de la Rébellion


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