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Blood [Ofélia] Empty Blood [Ofélia]

Message par Svetlana El Bach'ri Ven 28 Aoû - 8:58

Le peignoir de soie glisse de ses épaules, dévale le long de son dos et termine sa chute lente à même le sol. Avec lenteur et délicatesse, ses pieds s'extirpent un à un du tissu léger. Ses pas la mènent vers l'endroit convoité. Ses mains se posent sur le métal froid. Ses yeux se ferment. Sa nuque se plie légèrement vers l'arrière. Ses phalanges enclenchent à l'unisson le mécanisme fluvial. Un jet d'eau tiède rencontre en premier son visage affamé.

Elle le laisse couler ainsi pendant quelques longs moments sans bouger, se contentant simplement de savourer le sentiment de sauvagerie profonde qui envahi son corps tout entier. Du bout des doigts, elle vient effleurer ses seins encore durs. Ses phalange ne s'y attardent qu'un instant et déjà continuent leur lente descente. Elles s'attardent à proximité de son nombril où du bout de l'index elle vient retracer machinalement la spirale de Gaia. Un frisson non point désagréable s'éprend de son épiderme. Là encore, la caresse n'est que de courte durée. Ses mains poursuivent leur délicieux parcours jusqu'à rencontrer l'intérieur de ses cuisses. C'est là qu'elles s'attardent le plus longtemps. Il n'y a rien d'obscène dans sa gestuelle. Elle se contente d'effleurer les parties qui portent encore l'odeur de Micah.

Hier soir en rentrant, il portait sur lui un parfum inconnu. Elle l'a immédiatement senti. Malgré ses contestations, elle a su. Qu'il avait vu une autre qu'elle. Qu'il avait enlacé une autre que sa femme. Qu'il avait embrassé une autre que son âme sœur.
Il n'avait pas tort. Aucune trace n'était visible. Aucun soupçon justifié.
Pourtant elle savait.

Elle n'avait rien voulu entendre. Elle avait tourné les talons. Elle avait commencé à s'éloigner. Il l'avait attrapé par le poignet. Elle avait à peine eu le temps de se retourner que déjà son corps tout en muscle la pressait contre un des murs de la pièce. L'impact, sans aucune douleur malgré l'élan de violence, l'avait surprise. Elle avait à peine ouvert la bouche pour laisser échapper un hoquet à travers ses lèvres colorées. Il en avait profité pour y coller les siennes et s'inviter sans attendre son autorisation.

Bien que son esprit n'avait aucunement l'intention de plier si facilement devant un tel assaut, son corps n'avait été que faiblesse et trahison. Elle avait surpris ses mains à lui retirer son blouson. Ses doigts à lui déboutonner la chemise. Il ne lui avait fallu guère plus rouler ses bras massifs autour de sa taille si frêle et de l'emporter à l'étage. A aucun moment leurs bouches ne s'étaient décollées, si ce n'est pour conquérir d'autres parties du corps adverse, bien que toujours à proximité.

Avec douceur il l'avait déposé dans ce lit conjugal qu'ils n'avaient plus partagé depuis plusieurs jours déjà. Ses mains à lui avaient également commencé à la déshabiller. Au passage de la porte elle avait réussi à éteindre l'interrupteur. Elle ignore s'il s'agissait là d'un geste méthodique ou d'un simple réflexe. Elle n'avait pour autant guère la tête à débattre de ce genre de futilités. Le principal se déroulait dans le lit même. Entre ces mains dont elle n'avait que trop rêvé à défaut de pouvoir les sentir. Entre ces cuisses qui tout à coup semblaient se réveiller d'une longue torpeur. Entre ce tout et ce rien à la fois. Elle se sentait vivre. Elle se sentait femme.
Mais toujours dans le noir.

Micah n'était plus là à son réveil. Il lui avait laissé quelques mots gribouillés avec soin sur une feuille déchirée de son agenda personnel. Il était bien peu de gens en ce monde qui prenaient encore le temps d'écrire véritablement. Elle avait trouvé l'attention d'autant plus symbolique.
Même sans avoir à le voir dans un miroir, elle sait qu'un sourire amoureux s'était dessiné aux coins de ses lèvres lorsqu'elle avait pénétré la salle de bains.

Désormais le seul souvenir de la nuit précédente la fait encore frémir tandis que l'eau coule sur son corps et lave les dernières traces du péché consumé.


-

Le peignoir de soie glisse de ses épaules. Ses pieds s'extirpent un à un du tissu léger. Ses mains se posent sur le métal froid des robinets. Le mécanisme fluvial crache un jet d'eau tiède sur sa peau sensible.

Micah n'avait pas passé la nuit au domicile conjugal. Il avait laissé un message vocal furtif sur une bande-son qu'elle avait boudé en rentrant. Elle avait eu l'envie irrésistible d'entendre sa voix. De se noyer dans ses mots. Mais en découvrant que l'appel n'avait guère pris plus de quatorze secondes, elle n'avait même pris la peine de le déclencher. Il aurait à lui trouver une excuse digne de ce nom et à se faire pardonner plus que de raison. Ce n'était guère la première soirée de la semaine qu'elle avait passé seule. Loin de ses disputes pour un oui pour un non; mais également de ses torse si tiède contre son oreille. Si musclé sous la douceur de son propre toucher.

Non! Elle se secouait la tête. Elle n'avait nulle envie de lui pardonner si facilement cet odieux abandon! Pas plus que de lui trouver des excuses professionnelles là où savait fort bien ne pas réussir à se leurrer pour si peu.
Elle laisse couler de l'eau plus froide sur son visage pour lui tirer toutes ces images indésirables de l'esprit. Elle était attendue pour une réunion du conseil dans moins d'une heure. Arriver en retard serait un affront bien plus blasphématoire que tout mot d'excuse provenant de la main même de son époux.

Elle s'apprêta à se saisir du savon synthétique lorsqu'un spasme violent dans le bas du ventre la fit se plier en deux. Un deuxième vint très vite s'inviter à la scène et elle n'eut que le temps de tendre un bras contre la paroi de la douche pour ne pas succomber à la douleur. La bouche ouverte en O, pourtant aucun son n'en sort lorsqu'une troisième vague vint s'éprendre de son entre-jambe. Elle tremblait sur ses jambes et sentit ses bras se transformer en masses molles et peu rassurantes niveau équilibre. La douleur, bien que toujours présente, avait fini par se diffuser de manière plus ou moins égale; laissant les spasmes et autres joyeusetés du genre à leur rôle lambda.

Sa respiration était saccadée et il lui fallut plusieurs instants de plus avant de retrouver un débit d'oxygène suffisant pour la permettre à nouveau de distinguer le vrai du flou. Elle ignorait ce qui venait de l'assaillir et n'aspirait pas nécessairement à en apprendre davantage. Est-il que c'est le moment précis que choisit son regard pour se poser sur le sol humide à ses pieds.

Elle ne sentit pas ses jambes succomber au choc.
Tout à coup elle se trouvait à terre. Acculée dans un coin de la cabine spacieuse. De l'eau provenant du pommeau tout là-haut se joignant aux larmes qu'elle sentit pourtant couler le long de ses deux joues ... et faire disparaitre dans les égouts le carmin qui s'échappait en fins filets de son intimité en plein deuil.


-

La réunion n'avait été rien de plus que protocolaire. Aucun incident majeur, du moins aucun capable de perturber suffisamment les services de l'ordre que pour s'en inquiéter. Quelques délits mineurs. Le soupçon d'une taupe. La gestion de la concurrence. L'attaque d'un nouveau marché plus vers l'ouest. Les relations tendues à entretenir afin de garder le marché des armes à flot ...

Elle avait écouté tout cela d'une oreille attentive. C'était contentée de hocher la tête au besoin et de lever la main droite pour tout vote requis en ce sens. Personne n'avait remarqué son silence plus inhabituel qu'à son habitude.
Bien.

Elle a pris rapidement congé des quelques retardataires enclin à engager un énième débat sur le développement d'une nouvelle arme de destruction massive. Elle avait laissé les hommes à leur joujou et avait laissé son corps la mener ailleurs. Son esprit ne semblait pas, ou du moins plus, en total accord avec son complément d'objet direct. Cela ne sembla pas pour autant la préoccuper. A se demander si elle avait seulement conscience de l'endroit où ses pas vinrent à la mener.

Ce n'est que lorsqu'elle prit halte en face d'une porte coulissante qu'elle remarqua son lieu de destination. Elle observa un instant l'alliance d'or blanc enroulée comme amoureusement autour de son annulaire gauche. Où était-il? Pensait-il seulement à elle? Lui avouerait-elle ce soir ce qui s'était passé ce matin? Serait-il seulement là? Ferait-il seulement fi de l'écouter?

Son regard se reporta à nouveau sur les lettres de l'enseigne. Au final, peut-être était-ce tout simplement mieux ainsi?

Pour la première fois de la journée son corps et son esprit semblent s'accorder sur la décision à prendre. Elle se laisse accueillir par l'antre des muses tel par l'enlacement d'un ami depuis longtemps renié.

Quelques pas à peine. Une jeune femme s'avance vers elle. Elle ne lui laisse pas le temps de se présenter. Après tout, avait-ce seulement la moindre importance au final vu sa propre requête?


>> Aidez-moi à oublier.

La voix autant que le regard sont supplice douloureux.

Ils désirent l'absolution.
Ils prient pour le pardon.
Mais secrètement, elle rêve de l'amputation.



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Message par Ofelia Sam 29 Aoû - 14:31

Ofelia se sent vide. Allongée sur le sol sur le ventre, dans un atelier plus petit, ses doigts caressent langoureusement la toile blanche mais rien ne semble sortir. Nulle encre de chine, nulle gouache, nulle couleur. La toile reste désespérément vide. Elle a besoin d'inspiration. La Muse se lève, s’époussète des pigments de couleurs et de la poussière qui traîne dans la pièce. Cette dernière est le lieu d'entreposage de dizaines et de dizaines de toiles. Quelques chevalets laissés à l'abandon. Peu de lumières hormis les lampes vieillottes qui projettent une lumière jaune assez pâle. La Muse a cherché l'isolation, loin du tapage du Crystal et cet endroit dont elle n'a aucun souvenir l'a attiré, mystérieusement. Mais, elle ne parvient toujours pas à peindre ou sculpter. Elle passe sa main délicate sur les bords des canevas aux tailles variés. En elle, une hésitation pointe. Mue par une instance supérieure, elle retourne un des tableaux. Une forêt, accueillante comme le Paradis sur Terre. Puis un autre tableau. Une silhouette, deux, dans un pré empli de fleurs. Une enfant, et sa mère, à la chevelure flamboyante. Là, un pincement au cœur. Une absence, un vide autrefois comblé. Ofelia caresse la toile et sous ses doigts, le visage de la femme apparaît moins flou. Elle y cerne ses propres traits. Alors qu'elle glisse de nouveau ses doigts sur la tête de la fillette, la peinture se disperse, comme sous un pinceau trop mouillé. Son autre main se crispe sur la toile. Elle inspire une bouffée sans air, mais elle ne parvient qu'à voir ses yeux s'embuer.

La Muse jette le tableau rageusement et étouffe son cri de rage. Elle sort promptement de la pièce, fuyant ce passé qui se dérobe sous ses mains. Comme elle maudit le Crystal en cet instant, lui qui s'amuse de ses émotions. Qui cherche de nouveau à l'inspirer, à provoquer ses émotions, en brûlant son cœur et son esprit en des tourments qui le font sûrement rire. Ou partage t'il sa peine ? Non, il lui rappelle douloureusement sa condition d'oiseau prisonnier d'une cage dorée, qui peu à peu n'a plus souvenir de ce qu'était la liberté, le ciel bleu et infini, les arbres chantant leur doux froufroutement sous le vent taquin... La Muse veut s'éloigner, encore et encore, partir d'ici, passer les portes du Crystal, essayer encore, quitte à en mourir.

Cependant, à peine arrivée aux majestueuses portes du Hall, une femme, d'une beauté incomparable pénètre au cœur du bâtiment monstrueux et vivant. Si Ofelia marque un temps d'arrêt devant ce qu'elle estime être une ruse du Crystal, elle se reprend, retrouve sa volonté un instant suspendu. Cependant, la femme s'approche d'elle, semblant porter toute la tristesse du monde. Presque une Pieta, une mère qui vient de perdre son enfant, affligée, qui voit son existence perdre une partie de son sens. Quelque chose cloche cependant. Il y a davantage, la situation semble plus complexe. La femme, qui au vu de ses vêtements, de son maintien, de ses bijoux, semblent tout droit sortis des hautes tours de verre de la Cité.

>> Aidez-moi à oublier.

Ofelia se sentit offusquée, refroidi. Elle, si impassible, jeta un voile de distance et recula d'un pas. Dédaigneuse envers cette femme qui avait la liberté, qui semblait jouir d'une vie luxueuse, et qui s'adressait à elle. Surtout avec ce mot : "oublier".

"Je vous conseille vivement de rester ici, dans ce cas. Vous verrez, vous oublierez tous vos soucis. L'oubli sera votre vie. Sinon, vous pouvez toujours recourir aux plaisirs de la chair et de l'alcool, si une vie d'emprisonnement éternel ne vous sied."

La Muse se reprit, se rendant compte immédiatement de sa cruauté envers cette femme qui demandait de l'aide. Elle sentit la culpabilité et la honte l'envahir et passa, dans un geste de compassion, sa main sur l'omoplate de la femme.

"Pardon. Excusez-moi. Je suis Ofelia, la Muse des Arts de la Main et comme vous le voyez, je passe une mauvaise journée. Je ne suis pas thérapeute, mais je vais essayer de vous aider. Je ne pense pas que vous ayez besoin des festivités et de la débauche de ces lieux, mais peut-être davantage d'un endroit où vous pourrez vous retrouver. Je vous sens perdue. Venez avec moi. Peut-être pourra t-on ensemble passer une meilleure journée."

Elle invita la femme à la beauté fière à la suivre, dans les dédales des couloirs et pièces. Combien de fois avait-elle fait cela ? Combien de fois avait-elle conduit homme ou femme en ces couloirs. Toujours le même but. Toujours le même rituel.

*Ô Crystal, je sais où tout cela nous mène. Encore une femme qui m'inspirera une œuvre, de par sa vie complexe aux mille nuances. Souhaites-tu détenir chaque représentation de vie humaine ? Souhaites-tu te distraire ? Souhaites-tu me retenir encore, jusqu'à ce que mon âme s'épuise et ne contienne plus la moindre goutte d'Art, la moindre couleur à t'offrir ?*

Elles arrivèrent à se faufiler au milieu des visiteurs et des artistes qui les laissaient passer, s'écartant de leur passage. Une Muse et une femme d'une telle beauté, d'une telle classe... Ofelia referma la porte derrière, elle, invitant les éventuels curieux à passer leur chemin. Elle invita la femme à s'installer sur la méridienne et prit des pinceaux, des pigments de couleurs, du liant de bonne qualité, un essuie ainsi qu'une toile qu'elle posa sur le chevalet. Elle observa silencieuse la femme, toute à sa peine. La Muse ferma les yeux, inspira, et mélangea quelques couleurs afin d'obtenir le mélange souhaité. Une couleur carmin composé de légères nuances plus foncés. Elle appliqua d'un geste précis de haut en bas, un filet de ce rouge profond. Comme un liquide épais. Cela lui évoque le sang. La peinture s'achève dans un blanc. Il ne s'agit pas d'un manque de couleur. Ofelia a naturellement produit le blanc, comme s'il découlait du carmin. Elle regarde son tableau blanc, séparé par un trait rouge et n'arrive plus à peindre. Pourtant, il semble non pas inachevé, mais elle reste bloqué, la main en l'air. La Muse tourne la toile vers la femme.

"Je suis désolée. Je ne comprends pas. J'ai l'impression de pouvoir peindre, encore et encore sur vous. Vous m'inspirez beaucoup. Seulement, j'ai l'impression d'être bloqué. Est-ce ceci qui cause votre désarroi ?"



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