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Mosquée de verre Empty Mosquée de verre

Message par Sax Sparkling Lun 20 Oct - 9:19

Ceci est la suite de ce sujet

- Dans ma chemise, cela ne sera pas possible.

Sa peau hypertactile frémit rien qu’à l’énonciation de la possibilité. Parmi les humains, seuls son épouse et les scientifiques-médecins peuvent le toucher sans l’ébranler. Alors un corps étranger, un corps reptilien ou batracien … Et froid…

- Mais je peux vous conduire chez moi dans la poche de ma chemise. Re-transformez-vous en salamandre et je vous donnerai de vieux vêtements.

La veste tombe lentement. Une lenteur, quasi une grâce, due à la gravité terrestre sur un vêtement vide. Le tissu s'étend de tout son long, le col surélevé par la raideur de la doublure interne en cuir. Sax s'accroupit. Entre le pouce et l'index, il pince le col, le soulève.

Sous le lourd tissu, la salamandre noire et jaune est de nouveau petite, longiligne, lisse comme une peau glabre à l'excès. Pour l'industriel, la forme batracienne est plus attendrissante que la forme humaine. Voir défiler des ouvriers tous les jours l'a fatigué des formes humaines et des faciès qui se ressemblent, s'embrument de poussière, s'enlisent d'habitudes besogneuses.

Il sourit au petit animal fragile et à la gueule plate.


- Avec cette forme de crâne, on dirait que tu souris toujours.

Sax rejette la veste sur le côté, prend le carré de soie blanche qu'il avait placée dans la poche de sa veste. Il tend la main non gantée, la main de chair, vers la salamandre. Il la prend dans trois doigts recroquevillés en nacelle. Il la tient sous les pattes de devant, sous le thorax minuscule. Le bas du petit corps pend dans le vide. Délicatement, il l'enroule dans la pochette de soie et lentement, il place Gael emmailloté dans la poche de sa chemise de coton.

Humain ou animal de compagnie, pendant quelques fractions de secondes, Sax ne sait plus très bien comment il voit ce jeune homme à la mutation si spectaculaire. Pendant quelques fractions de seconde, l'idée de posséder un humain de compagnie qui reprendrait une forme batracienne pour le contenter ne le heurte pas. L'idée lui plaît, même. L'idée glisse sous son crâne comme un fluide tiède et doux. La même impression de plaisir anticipé qu'ont les enfants à qui on promet un bonbon adoré.

Il s'éclaircit la gorge.


- Sans le carré de soie, tu aurais perdu l'équilibre dans la poche. Le coton n'est pas assez raide.

Une explication rationnelle, destinée à un être humain, pour couper court aux divagations de domestication... Il remet sa veste, espérant qu'elle ne porte pas trop de bave...

Sans s'attarder, il sort du Crystal, avant que l'ambiance orangée, les expressivités des artistes, les bruits des tissus, les chuchotements ne tournent davantage dans sa tête. Il est coutumier du blanc, de la lumière laiteuse, des voix éclatantes... la feutrine des sensations du Crystal lui fait perdre pieds. Il sort presque en courant, le pas à l'amble des chevaux pressés, mais qui ne courent pas.

Dehors il fait toujours froid et humide. Dehors c'est l’eau bruine, le ciel gris et l'automne qui neutralise les couleurs les plus franches.

Sax serre le col de sa veste de ses deux mains. Il n'ose pas fermer les boutons, de peur d'écraser la salamandre, déjà enfouie sous la soie et le coton.

Il court vite. Mais l’eau devient pluie. L’eau devient lourde.

Sous un auvent forgé dans un métal noir et ouvragé, il se réfugie, il ouvre sa veste pour regarder si la salamandre est toujours là.


- Je vais quand même attendre que la pluie devienne moins drue.

Il passe son index sur le crâne lisse. Il tire vers l’arrière. Les salamandres ont-elles, comme les chiens, comme les humains, l’intérieur des paupières roses ? Même à cette distance, c’est difficile à dire… Il caresse plusieurs fois de la pulpe de l’index sur le sommet du crâne, dans l’espoir de voir un bout d’intérieur de paupières.

C’est trop petit. C’est trop fragile. Il n’ose pas tirer trop fort sur la peau.

Alors il demande.


- Après, tu me diras… Quand tu fermes les yeux en salamandre, quelle couleur vois-tu ?

S’il voit rouge ou rose, alors ça veut dire qu’il voit comme les chiens et les humains.

La pluie s’est adoucie. Une caresse d’eau en suspension.

Il reprend sa route, vite, vers son chez lui. Il pénètre de plus en plus profondément dans l’aura. Les demeures sont de plus en plus hautes, de plus en plus claires. Sa maison à lui est là-bas, plus loin, en hauteur. Une maison de pierre et de verre juchée sur des dizaines de mètres de béton et d’acier coulés dans des formes florales. Déjà, il entraperçoit la silhouette élancée, en forme d’épi de blé dantesque, de son foyer. Et le sommet de sa demeure minérale, surmontée d’un dôme de cristal comme une mosquée aérienne, brille légèrement dans la bruine.

Il presse le pas.

Contre sa poitrine, contre ses côtes et ses poumons, le monde s’alourdit.

Sax tombe en avant.

Ses mains râpées par le sol Ses mains froides et humides de la pluie tombée au sol.

Sous lui, Gael a repris forme humaine.


- Mais… ?

Une surprise glacée court sous sa peau.

– Vous n’êtes pas un mutant ?

Les a-t-on vus? Que pensera-t-on? Que dira-t-on? On ne les a peut-être pas vus. Il l'espère avec force...

– Courez. Vers le dôme de verre.

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Message par Gael Whyte Mar 28 Oct - 17:48

Un craquement brisa le sentiment de sérénité qui envahissait le petit amphibien. Ses doigts s’allongeaient et se déformaient. Sa peau perdait ces belles teintes noire et jaune pour récupérer sa pâleur humaine. Le tissu peinait à retenir son poids toujours grandissant et l’inévitable finit par se produire. La poche tomba avec le jeune homme nu dedans. La soie avait beau être douce et agréable au toucher, elle n’amortit pas la chute du garçon le moins du monde. Quoique… peut-être un centimètre carré de son postérieur avait été épargné grâce à ce mouchoir. Cela ne lui ôta pas un faible geignement de la bouche qui exprimait sa surprise et sa douleur. Cela commençait à faire beaucoup de chutes en peu de temps ! Mais était-il en position de râler ? C’était sa faute après tout. Quelle idée que de se glisser dans la chemise si confortable d’un illustre inconnu – qui posait des questions étranges qui plus est – et d’y somnoler au lieu de rapidement s’en extirper pour fuir cet homme de l’Aurore. La puissance de Gaia épuisée, la salamandre s’éteignait. Rien de surprenant là-dedans mais Gael avait omis ce détail. Ou plutôt, n’avait pas réalisé que l’étendue du Crystal Palace s’arrêtait si vite. Il s’en voulait franchement, surtout que son sauveur se retrouvait les quatre fers en l’air aussi mais il n’eut pas le loisir de s’énerver – sans grande conviction – contre lui-même. Son porteur lui ordonnait de courir à la demeure de verre. Le regard bleu et confus du reptile se fondit dans le sien. Pourquoi disait-il cela ? Il n’y avait pas que son corps qui réagissait au ralenti mais bien son cerveau aussi ! Dans un murmure, il répondit d’ailleurs à la question :

« Non, je suis pas un mutant… »

Quelques secondes d’intense réflexion après ces mots prononcés et la lumière fut : il était en danger. Il devait fuir. Se cacher et vite.

Se promener nu dans les ruelles ennemies n’étaient et ne seraient jamais une bonne idée. Il s’agissait là d’une vérité générale qui se trouvait d’autant plus vraie lorsqu’un tatouage peu discret ornait sa cuisse entière. Secouant ses muscles endormis, la salamandre humanisée se leva dans un mouvement maladroit et fila ensuite à vive allure vers la maison indiquée. Une bien étrange scène, il fallait l’avouer. Rare était ceux qui pouvaient se vanter d’avoir vu un jeune homme à la peau laiteuse courir sans le moindre vêtement jusqu’à une demeure tout aussi farfelue. Quel était donc ce dôme translucide qui se reposait dessus ? Un couvre-chef particulier qui intriguait le brun malgré sa fuite sur le pavé dur et saillant. Il s’arrêta presque pour mieux l’admirer mais le regard insistant qui pesait dans son dos le convainquit de continuer sa course.

Aucun répit ne lui fut accordé. Si l’ouverture de la porte ne posa pas le moindre souci, la présence d’étrangers un peu plus – ou du moins la supposition de leurs existences. Des bruits de vie résonnaient dans la maison et paniquaient encore plus le pauvre garçon. Le cœur battant la chamade, il se mit à réfléchir activement tout en gardant ses mains placées stratégiquement pour cacher ses parties les plus intimes. Le nudiste se décida finalement à ouvrir la première porte qu’il voyait pour se cacher au plus vite. Ainsi, il s’enfonça dans les méandres sombres d’un placard et retint sa respiration. Une odeur de parfum flottait et lui chatouillait les narines. L’envie d’éternuer le démangeait mais il tenait bon. Mordant son poing en silence, ses iris s’agitaient dans tous les sens à la recherche d’une issue. Cette idée était bien entendu vaine car le principe même d’un placard était de stocker et non pas de s’amuser à créer des passages secrets – quoi qu’avec un propriétaire pareil, tout était à imaginer. Lorsque ses papilles olfactives s’habituèrent enfin à la flagrance féminine, le lézard s’autorisa de légers mouvements. S’installant parallèlement aux beaux manteaux, il ne résista pas longtemps à l’envie de s’envelopper dans l’un d’eux. Quitte à attendre, autant le faire au chaud même si cela signifiait être pendu à un cintre.

Son pied droit blessé pendant la course s’appuyait sur son confrère, espérant trouver du réconfort dans la fraicheur de sa peau. Ses mains tenaient fermement et désespérément les pans du manteau inconnu. Cette couche lui apportait une forme de protection. Il se sentait aussi à l’abri que sous sa couette. Les monstres ne l’auraient pas ici. Malgré cela, quelques tremblements parcouraient à nouveau son corps autant de froid que d’appréhension. Que se passerait-il si un autre que son sauveur le trouvait ? Peut-être même que son soi-disant héros l’avait piégé… L’idée l’attrista. Sa naïveté le chagrina. Il espérait de tout son cœur ne pas s’être trompé sur le compte de cet étrange personnage aux coccinelles têtues. Le souvenir de l’insecte s’évaporant sous ses yeux lui arracha d’un sourire. Non décidément, un homme qui avalait des coléoptères sous forme de poudres ne pouvait être mauvais. Quelle idée !

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Message par Sax Sparkling Lun 17 Nov - 16:55

Sax court et pousse le jeune homme. Le pas de course lui semble lent, lent, lent… Il voudrait être déjà à l’intérieur, loin du vide de la rue et des rafales des regards.

Les maisons du quartier n’ont de maison que le nom. Nids de pierre, de verre, juchés sur d’interminables colonnades de béton et d’acier, les habitants de cette partie de la ville blanche dorment dans le ciel.

A cette hauteur, les regards tombent sur le sol. Une observation quasi verticale qui ne laisse qu’une perspective en plongée sur les crânes et les épaules des passants. Les regards ne voient peut-être pas la cuisse au dessin éloquent.

Et si d’aventure c’était le cas, les mauvais esprits ne pousseront peut-être pas l’hypothèse jusqu’à soupçonner une collaboration avec les fous de la nature ?

Une énorme boule croit dans la gorge de Sax. Une boule de questions qui tournent avec la précipitation et la course mal assurée par les pieds nus de l’homme salamandre.

Quand ils arrivent chez les Sparkling, la porte cède facilement. Il avait oublié de fermer ?

Sax s’appuie contre la porte, ferme les verrous de cuivre. Le buste de basalte, qui représente un arrière-grand-père à l’air sévère le regarde cadenasser l’entrée. C’est un peu idiot, en réalité. C’est beaucoup inutile. Qui viendrait chercher un Sparkling et un inconnu tatoué qui court nu dans la rue ? Mais la précipitation n’a que faire de la logique. La précipitation, c’est tout un univers d’électricité corporelle et de pulsions anciennes qui se jettent sur la première action venue et qui jettent la première réaction venue. La précipitation, c’est le sujet qui rend Sax pensif, adossé à la porte, quand il se rend compte de la scène à laquelle le garçon et lui viennent de jouer.


- Pffffff

Il se passe une main dans ses cheveux. Une façon comme un autre de toucher son propre corps et de se rassurer. On n’aime pas le vide quand on ne se sent pas parfaitement bien, on n’aime pas l’absence de présence ni l’absence de peau. On se la donne à soi-même, on se caresse soi-même. Sax se gratte le bras droit, sous la lourde manche de son manteau. Le cuir de son gant lui laisse des rayures de froideurs qui le réveillent peu à peu.

Il redresse la tête. Son regard cherche l’homme–salamandre.

Autour de lui, il n’y a que les colonnades sans fin qui soutient la superstructure de la maison. Une hauteur d’ancienne cathédrale et le jeu de lumière des lustres de réception.

Mais où est sa salamandre ?

Sur le sol, quelques traces pâles de sang frotté. Un pied qui saigne. Sax suit la trace sans peine. Elle s’arrête devant une porte de placard.

L’industriel sent sa propre main se poser sur sa bouche. A moitié un réflexe de concentration. A moitié un tic de rire caché. Il imagine la précipitation avec laquelle le jeune homme a dû se jeter dans le placard. Il jauge la visibilité des traces de pas qu’il espère peut-être intraçables. Il apprécie la cocasserie de la cachette. Un placard… pour un adolescent de cette taille. Oui, certes, pourquoi pas.

Il sourit presque. Il retient les commissures de ses lèvres afin qu’elles ne montent pas trop haut. Un semblant de sérieux à tenir…

Il frappe à la porte.


- Attention, je vais entrer chez vous.

Il ouvre la porte du placard.

Sax devrait sans doute se méfier. Il entend dans le fond de son crâne les opinions publiques qui circulent sur les tatoués. En face de lui, l’étranger est enroulé dans un manteau. Emmitouflé, en équilibre sur un pied. Une pose qui ressemble à un oisillon perdu, nu, grelottant. Après lui avoir donné le spectacle d’une salamandre qui s’étrangle…


- Nous ne sommes pas du même camp, vous et moi. Mais nous n’avons pas d’arme sur nous. Enfin, je crois…

Les mutations et les tatouages sont parfois belliqueux, dangereux, agressifs, mortels…

- Disons que pour le moment, notre arme principale est notre volonté de tuer l’autre. J’ai peine à croire que vous ayez envie de me tuer.

Ses yeux tombent sur les lèvres qui bleuissent, de nouveau. Sur le pied rougi par le sang qui coule encore un peu.

- Et je n’ai pas, pour le moment, envie de vous tuer ni de vous faire tuer.

Un bruit de mécanique et de glissement. Le grand ascenseur de verre descend jusqu’au rez-de- chaussée. C’est le vieil Achram, le serviteur de longue date. Vêtu de gris et d’argenté, il ressemble à un vieux garde qu’on aurait engoncé dans une livrée de conte de fées. Il fronce les sourcils en voyant Sax parler à un placard.

- Monsieur ?

Demande Achram en sortant de l’ascenseur.

- Ce n’est rien, juste un enfant timide. Je m’en occupe.

Achram reste deux secondes interdit mais il se met vite en route vers l’extérieur. Des courses à faire, probablement.

Sax ouvre la porte du placard toute grande.


- Je vous avais promis des vêtements et un endroit chaud. Puisque les circonstances le permettent, j’ai envie de tenir ma promesse. Venez.

L’ascenseur se met en branle. Les mètres défilent à travers la cage de verre.

Arrivés dans le ciel, dans un hall éclairé par le dôme de verre, ils se dirigent vers une double porte en étain moulé. Des figures géométriques et des ADN sculptés l’ornent en ton sur ton.

A son approche, les doubles portent s’ouvrent.

Au centre de la pièce circulaire, de fins tuyaux flottent dans l’air. Ils bougent, comme des tentacules de pieuvre sans corps. La pièce est dans une pénombre, la lumière qui vient du plafond est en partie obstruée par un objet mouvant.


- Je vous présente Prudence. C’est elle qui me soigne et qui s’occupe de mes alliages intérieurs.

Depuis le haut plafond, le long de son fil unique, une araignée de métal, large comme deux tables à manger, descend vers les deux hommes. Ses yeux sont composés de demi-sphères individuelles qui roulent chacune vers les deux hommes.

- Entrez.

Dit l’araignée.

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Message par Gael Whyte Lun 1 Déc - 10:02

Le reptile décrocha dans un mouvement maladroit le manteau toujours pendu à son cintre. Il s'en enroula davantage, ne cherchant pas à glisser ses bras dans les manches pour autant. Le tissu le couvrait jusqu'à mi-cuisses. Les pans étaient maintenus fermés de l'intérieur par ses mains tremblotantes. Si le froid ne disparaissait pas, la peur s'atténuait. Les mots de son sauveur le rassuraient. Pourquoi se tueraient-ils ? Le courant passait entre eux. Vaguement. Suffisamment pour ne pas désirer la mort de l'autre. Aux yeux du reptile, il en était ainsi. Alors doucement mais surement, il s'extirpa du placard une fois l'autre voix disparue. Son dos se redressa mais ses épaules demeurèrent courbées vers l'avant. Son visage se releva mais ses yeux n'osèrent pas se plonger dans le regard adversaire. Et s'il y voyait du mensonge ? De la cruauté ? Gael n'osait pas. Pas pour l'instant. S'approchant donc en observant la pièce, trainant ses pieds sur le sol gelé, la salamandre murmura tout de même :

« Je ne compte pas vous tuer non plus... je ne pense même pas en être capable. »

Timidement, son regard rencontra le sien finalement. Aucune méchanceté ne s'y lisait. Plutôt de la sincérité et cela détendit encore un peu le jeune frileux. Ils étaient amis alors. Au moins pour cette mésaventure.

Boitant légèrement, Gael s'élança à la suite de son hôte. L'ascenseur était majestueux. Les décorations éblouissaient presque le petit amphibien dont les iris brillaient d'admiration. Rien à voir avec la demeure aux allures délabrées de sa famille ou des autres fidèles de Gaia. Ici, tout était lumineux et détaillé. Des sculptures dont les significations échappaient au jeune homme se déroulaient sous ses yeux avec fierté. Il se sentait tâche dans cet univers luxueux avec sa nudité à peine couverte et ses traces de pas au coloris sanglant. Pourtant, il se sentait fondre dans ce décor où le blanc régnait en maitre avec son épiderme si pâle.

Leur but atteint, la salamandre se retrouva à plisser les yeux pour comprendre ce qu'il se déroulait face à lui. La bête immense descendait avec la lenteur d'un prédateur ne craignant rien. Elle était sereine et cela glaça le sang du poïkilotherme.  Figé sur place par la voix métallique, il lança un regard en coin inquiet à l'homme tout aussi calme à ses cotés.

Prudence.
Une menace silencieuse ou une preuve de fragilité ?
Une prévention effrayante ou une douceur assurée ?

Gael ne savait pas trancher face à ses yeux de verre au nombre trop important. Il avait vu des araignées. Il en avait même dévoré quelques unes lors de ses errances animales. Mais une créature à la prestance aussi écrasante et la taille si immense... Jamais. Ô grand jamais.

Cela attisa sa curiosité. Elle se manifesta, grattant la peur pour l'écorcher et lui donner du courage. A coups de petits pas, la grenouille boiteuse s'approcha donc. Conservant une distance de sécurité malgré tout, il débuta un lent tour dont le centre n'était autre que la gargantuesque aranéide. Des questions trottaient dans sa tête. Beaucoup de questions mais sa gorge sèche refusait d'en exprimer une seule. Il se contenta donc d'un simple tour, sursautant aux moindres mouvements inattendus de la créature. Son cœur battait vivement. La frayeur nouvelle chassa un peu le froid. Son corps se réveillait de sa torpeur habituelle pour le tenir prêt face à ce danger. Si une fuite se montrait nécessaire, il le pourrait.

C'était si étrange de se retrouver proie de ses propres cibles... Se penchant un peu, s'approchant légèrement plus, Gael fixait la tête si étrange de la bestiole. Ses doigts s'étendirent avec hésitation, quittant la chaleur rassurante de la veste. Etait-elle froide comme son matériau semblait l'indiquer ou chaude de vie comme une véritable créature vivante ? Ses phalanges s'approchaient dangereusement. Son épiderme effleura très faiblement le métal.

Soudain, un mouvement de pattes dans le coin de son oeil lui arracha un bond. La table derrière lui le rattrapa dans sa frayeur et sans réfléchir, il grimpa dessus, poussant les diverses babioles qui y trônaient. Enserrant bien ce manteau protecteur sur sa peau fine au poil hérissé, il fixait toujours l'araignée. Ses mains étaient rangées maintenant et il n'était pas prêt de les ressortir. Une brève seconde, ses pupilles dérivèrent en direction de son sauveur qui ne se tenait pas très loin et ne semblait pas effrayé lui.

« C'est... comment c'est possible ? Elle est en- »

Il se reprit.
Il ne voulait pas vexer la créature. Surtout pas.

« Immense. »

Un regard sur Prudence pour s'assurer de ne pas l'avoir vexé puis il recommença à parler. Sa langue s'était maintenant déliée et exprimer ses doutes à haute voix, ses interrogations l'aidait à se calmer. Il se sentait en sécurité de parler. Comme si l'araignée n'oserait pas le couper dans sa phrase...

« Comment est-ce qu'elle vous soigne... ? »

Son regard prudent se glissa en coin vers l'homme au prénom inconnu et il prononça plus bas.

« Est-ce que... vous pouvez l'aspirer aussi ? »

En toute honnêteté, c'était la question qui l'obsédait le plus. Pouvait-il désintégrer et respirer une bête aussi énorme ? Etait-elle seulement le résultat de sa magie fabuleuse ?!

En tout cas, une chose était sure : elle approchait.

Un nouveau mouvement de recul manqua de le faire quitter son siège improvisé. Son dos se plaqua au mur derrière et incapable de fuir à nouveau, il enfonça sa tête bien profondément dans la veste empruntée. La tortue craignait le pire. Les jambes repliées, son pied ensanglanté s'offrait à l'infirmière. Gael n'imaginait pourtant que les pires évènements possibles...

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